C'étaient entre les Scythes, d'autres disent entre les Thraces, des peuples qui faisaient profession d'un genre de vie austère, dont Tertullien fait mention, lib. de praescript. cap. xlij. que Strabon loue d'une pureté de mœurs extraordinaire, et qu'Alexandre ab Alexandro et Scaliger ont jugé à propos d'appeler du nom de philosophes, enviant, pour ainsi dire, aux Scythes une distinction qui leur fait plus d'honneur qu'à la Philosophie, d'être les seuls peuples de la terre qui n'aient presque eu ni poètes, ni philosophes, ni orateurs, et qui n'en aient été ni moins honorés, ni moins courageux, ni moins sages. Les Grecs avaient une haute estime pour les Abiens, et ils la méritaient bien par je ne sais quelle élévation de caractère et je ne sais quel degré de justice et d'équité dont ils se piquaient, singulièrement entre leurs compatriotes, pour qui leur personne était sacrée. Que ne devaient point être aux yeux des autres hommes ceux pour qui les sages et braves Scythes avaient tant de vénération ! Ce sont ces Abiens, je crois, qui se conservèrent libres sous Cyrus et qui se soumirent à Alexandre. C'est un grand honneur pour Alexandre, ou peut-être un reproche à leur faire.