Les artères dont il est question, s'appelaient veines saillantes ou internes, veines qui battent, par opposition aux veines externes non saillantes. Elles eurent principalement cette dénomination, parce que suivant la théorie d'Erasistrate, on pensait que les tuyaux qui partent du cœur, n'étaient pleins que d'air, qui en entrant dans leurs cavités, les dilatait, et les faisait se contracter lorsqu'il en sortait. Voilà la cause de la diastole et de la systole, suivant les anciens.

L'artère par excellence, , est l'aorte. Voyez AORTE.

Toutes les artères du corps sont des branches de deux gros troncs, dont l'un vient du ventricule droit du cœur, et porte tout le sang du poumon, d'où on le nomme artère pulmonaire ; l'autre part du ventricule gauche du cœur, et distribue le sang de toutes les parties du corps. On l'appelle aorte. Voyez PULMONAIRE.

Les auteurs sont fort partagés sur la structure des artères : les uns ont multiplié les membranes, d'autres en ont diminué le nombre ; il y en a qui en admettent jusqu'à six, savoir la nerveuse, la cellulaire, la vasculeuse, la glanduleuse, la musculeuse, et la tendineuse. Voyez NERVEUX, CELLULAIRE, etc.

Le docteur Haller dont nous embrassons la doctrine, n'en admet que deux, l'interne, et la charnue ; la cellulaire n'est que leur accessoire, et il ne regarde pas l'extérieure comme constante.

Les artères ont la figure de cones allongés, et vont en décroissant à mesure qu'elles se divisent en un plus grand nombre de rameaux ; et lorsqu'elles parcourent quelque espace sans en jeter, elles paraissent cylindriques. Tous ces vaisseaux étant remplis, dans quelqu'endroit qu'on les conçoive coupés par un plan perpendiculaire à l'axe de leur direction, l'ouverture qu'ils présenteront sera toujours circulaire ; ces vaisseaux coniques ont leur base commune dans les deux ventricules du cœur, puisqu'ils sont tous produits par l'aorte et par l'artère pulmonaire, et leur sommer aboutit à l'origine des veines ou à la partie de l'artère qui est ou parait cylindrique.

La membrane externe des artères n'est pas une membrane propre à toutes, et qui s'observe dans tous leurs trajets : par exemple, quelques-unes sont recouvertes par la plèvre dans la poitrine, par le péritoine dans le bas-ventre ; d'autres, comme les artères du cou, sont environnées extérieurement d'un tissu cellulaire plus épais ; le péricarde embrasse de tous côtés l'aorte, mais il se termine bientôt en changeant de texture dans la membrane cellulaire ; la dure-mère fournit une gaine à la carotide au passage de cette artère dans le crane. La première membrane de toutes les artères est donc la membrane cellulaire, qui est plus lâche dans sa superficie externe, colorée d'une infinité de petites artérioles et de veines, et traversée de nerfs assez sensibles.

La macération fait voir que ce qu'on appelle la membrane tendineuse de l'artère, ne diffère en aucune façon de la cellulaire, puisque les couches intérieures mêmes de cette tunique deviennent cellulaires.

La partie de l'artère la plus intérieure et la plus proche de sa cavité, parait composée en général de fibres circulaires. Ces fibres dans les grands vaisseaux sont composés de plusieurs couches assez sensibles par leur couleur rougeâtre et leur solidité ; plus les vaisseaux deviennent petits, et plus elles sont difficiles à découvrir. Sous cette membrane on en remarque une autre cellulaire fort difficîle à démontrer, dans laquelle se répandent les concrétions plâtreuses lorsque l'artère s'ossifie.

La membrane la plus interne de l'artère est unie et polie par le courant du sang ; elle forme une couche continue dans toute l'étendue de ses cavités ; elle revêt par-tout les fibres charnues, qui d'elles-mêmes ne sont pas assez continues pour former un plan uni, et empêche que le sang ne s'insinue dans les espaces qu'elles laissent entr'elles ; elle est même par-tout sans valvules.

Il est facîle de concevoir par ce que nous venons de dire, pourquoi certains auteurs ont attribué cinq membranes aux artères, pendant que d'autres n'en ont reconnu que trois.

Toutes les artères battent. En effet, quoiqu'on sente avec le doigt le mouvement de systole et de diastole dans les grandes artères, et qu'il n'en soit pas de même dans les plus petites, on sent néanmoins de fortes pulsations dans les plus petites, lorsque le mouvement du sang est un peu augmenté, comme cela arrive dans l'inflammation. Les artères ont assez de force : mais le tissu épais et dur de la membrane cellulaire externe, refusant de se prêter à la force qui les distend, elles se rompent facilement et presque plus facilement que les membranes de la veine ; c'est-là une des causes de l'anevrysme. D'ailleurs les membranes des grosses artères sont, proportion gardée, plus faibles que celles des petites, et par cette raison le sang produit un plus grand effet sur les grandes que sur les petites ; c'est-là pourquoi les anevrysmes sont plus ordinaires aux environs du cœur.

La nature a mis par-tout les artères à couvert, parce que leur blessure ne pouvait être sans danger dans les plus petites, et sans la perte de la vie dans les plus grandes. Les plus petites artérioles se distribuent en grand nombre à la peau, et les plus grands troncs sont recouverts par la peau et par les muscles, et rampent sur les os. Il part de chaque tronc artériel des rameaux qui se divisent et se subdivisent en d'autres plus petits, dont on a peine à découvrir la fin ; les orifices des deux rameaux produits par un tronc pris ensemble, sont toujours plus grands que celui du tronc, dans la raison de 2 à 1, à-peu-près, ou un peu moins. Tous les troncs s'élargissent au-dessus de leur division. Les angles sous lesquels les rameaux sortent de leurs troncs, sont presque toujours aigus, demi-droits ou approchant ; angle sous lequel il est démontré dans les mécaniques, que les fluides doivent être poussés le plus loin. Nous avons cependant des exemples dans lesquels les rameaux partent de leurs troncs sous des angles droits ou approchant, comme on le remarque dans les artères lombaires et dans les intercostales. Nous avons aussi des rameaux rétrogrades dans les artères coronaires du cœur, et dans les artères spinales produites par les vertébrales.

Les artères communiquent toutes fréquemment les unes avec les autres, de sorte qu'il n'y a aucune partie du corps dans laquelle les troncs artériels voisins ne communiquent par des rameaux intermédiaires. Les extrémités des artères sont cylindriques ou très-approchantes de cette figure, et se terminent de différentes façons, soit en se continuant jusque dans la plus petite veine, soit dans les viscères où elles forment des pinceaux, des arbrisseaux, des zig-zags, des franges, et différentes figures, suivant la différente fonction de ces parties ; soit dans des conduits excréteurs semblables aux veines ; soit dans des vaisseaux d'un genre plus petit, qui sont quelquefois continus aux artères, et qui sont de véritables troncs par rapport aux rameaux qu'ils produisent (telles sont les artères lymphatiques) ; soit dans un canal exhalant : c'est ainsi qu'elles finissent très-fréquemment par tout le corps.

Les veines ressemblent aux artères en plusieurs points : mais elles diffèrent en bien des choses. Voyez VEINE.

La nature élastique des artères fait voir qu'elles se contractent effectivement, et que cette contraction sert à faire avancer le sang. Voyez SANG et CIRCULATION. Voyez, dans nos Planches d'Anatomie, la distribution des artères ; et à l'article ANATOMIE, l'explication des figures relatives à cette distribution. (L)