VAGUE, adj. (Grammaire) qui n'est pas limité, circonscrit, déterminé. On dit le vague de l'air, le vague d'une idée, d'un discours, d'une proposition, d'un dessein.

VAGUE, en Anatomie, nom de la huitième paire de nerfs qu'on appelle aussi sympathiques moyens.

On lui a donné ce nom parce qu'elle se distribue à différentes parties du corps.

La huitième paire de nerfs nait de la partie postérieure de la moèlle allongée, de la protubérance annulaire, et de la partie antérieure des éminences olivaires par plusieurs filets, qui en s'unissant, sortent du crâne par le trou déchiré postérieur ; le nerf accessoire de la huitième paire, ou nerf spinal s'y unit avant sa sortie. Voyez ACCESSOIRE.

Cette paire de nerfs se divise ensuite en deux parties principales, dont la plus petite se distribue aux muscles voisins de la langue, à ceux du pharynx, etc. et Ve ensuite se perdre dans la langue en communiquant avec le grand et le petit hypoglosse. Voyez HYPOGLOSSE.

La grande portion de la huitième paire après avoir communiqué avec la neuvième paire et le nerf intercostal, parait former une espèce de ganglion, d'où il se détache un filet qui se distribue au larynx, à la glande thyroïde, etc. qui communique avec le nerf récurrent ; elle descend ensuite avec la veine jugulaire interne, l'artère carotide, en leur donnant des rameaux et à l'oesophage ; en entrant dans la poitrine, elle produit le nerf récurrent qui embrasse à droite l'artère souclavière, et à gauche l'aorte, et envoie des branches à l'oesophage, à la trachée artère et au larynx. Les différents filets que la huitième paire jette de chaque côté, forment par leur rencontre mutuelle et leur communication avec les filets du nerf intercostal, différents plexus, dont les principaux sont le plexus pulmonaire, et le plexus cardiaque.

Le plexus cardiaque produit quantité de filets qui vont se distribuer au cœur ; le plexus pulmonaire en produit de même qui se distribuent au poumon. Voyez COEUR et POUMON.

La huitième paire gagne peu-à-peu l'estomac, et jette chemin faisant différents rameaux à l'oesophage, après cela tous les autres filets forment par leur entrelacement le plexus coronaire stomachique, duquel naissent plusieurs filets de nerfs qui se distribuent à l'estomac. Voyez ESTOMAC.

Le plexus coronaire produit dès sa naissance deux cordons particuliers, qui en s'unissant avec le nerf intercostal, forment le plexus hépatique, le plexus splénique, les plexus mésentériques et les plexus renaux qui distribuent des filets au foie, à la rate, au mésentère et aux reins. Voyez FOIE, RATE, etc.

On a remarqué dans l'ouverture d'un cadavre mort paralytique dans l'hôpital de la Charité de Paris, une tumeur ganglio-forme de la grosseur du doigt dans la huitième paire un peu avant qu'elle produise le nerf récurrent.

VAGUE année, (calend. de Cappadoce) année des Cappadociens un peu plus courte que l'année julienne ; en voici l'histoire, et les raisons peu connues.

Les Cappadociens avaient une année qui leur était propre, et qui différait absolument de l'année solaire des Romains, ainsi que de l'année luni-solaire des Grecs de l'Asie mineure et de la Syrie, soit pour la grandeur, soit pour les noms des mois, pour leur durée, et pour le lieu de l'année solaire auquel ils répondaient.

Cette année cappadocienne était composée de 12 mois de trente jours chacun, auxquels on ajoutait cinq épagomenes ; ainsi c'était une année vague, plus courte d'un quart de jour que l'année julienne, dont le nourous ou le premier jour remontait d'un jour tous les quatre ans dans l'année solaire, et ne revenait au même jour qu'au bout de 1460 ans.

Nous ne connaissons que deux nations chez lesquelles l'année vague ait été employée dans l'usage civil, les Egyptiens et les Perses. La Cappadoce n'a jamais rien eu à démêler avec les Egyptiens, si ce n'est peut-être au temps de l'expédition de Sésostris ; et d'ailleurs les noms des mois cappadociens n'ont aucun rapport avec ceux des mois égyptiens : mais voici une raison plus forte. L'année fixe ou julienne n'a été établie dans la Cappadoce que quand le nourous ou premier jour de l'année vague répondait au 12 Décembre ; or le premier jour de l'année vague égyptienne, celui qui suit les épagomenes, a répondu au 12 Décembre depuis l'an 304, jusqu'à l'an 307 avant Jesus-Christ, et longtemps avant que l'on eut pensé à établir l'usage d'une année solaire fixe, qui ajoutait un 366e jour tous les quatre ans ; car Jules-César en est le premier auteur.

De-plus, les noms cappadociens de la plupart des mois sont formés sur ceux des Persans, et non sur ceux des Egyptiens. Ce pays a été longtemps soumis aux Medes et aux Perses, qui avaient à-peu-près la même religion, et qui l'avaient portée dans la Cappadoce ; de-là il faut conclure que c'était aussi d'eux que les Cappadociens avaient emprunté leur année vague de 365 jours.

Les Arméniens se servent aujourd'hui d'une année composée comme celle des anciens persans, de douze mois de trente jours chacun, et de cinq épagomenes ; cette année est absolument vague, sans aucune intercalation, et elle remonte tous les quatre ans d'un jour dans l'année julienne. Elle sert dans le pays pour les actes et pour la date des lettres ; mais en même temps elle emploie une autre année, qui est proprement l'année ecclésiastique, et qui sert dans la liturgie pour régler la célébration de la pâque et des fêtes, le temps des jeunes, et tout ce qui a rapport à la religion ; cette année est fixe au moyen d'un sixième épagomene qu'on ajoute tous les quatre ans. Les noms des mois sont les mêmes que ceux de l'année vague ; mais le nourous, ou premier jour de l'année qui commence avec le mois de navazardi, est fixé depuis longtemps au onzième du mois d'Aout de l'année julienne, et il ne s'en écarte plus.

Le premier du mois navazardi, ou le nourous de l'année vague, répondait en 1710 au 27 Septembre julien, c'est le 8 Octobre grégorien, et par conséquent il précédait de 318 jours le nourous de l'année fixe suivante, ou le onzième d'Aout 1711. Ce précès de 318 jours n'a pu se faire qu'en 1278 ans vagues égaux à 1277 juliens et 47 jours ; ôtant ce dernier nombre de 1709 ans complets, plus 270 jours ; il restera 432 ans 223 jours après l'ére chrétienne, ou le onzième d'Aout de l'an 433 de Jesus-Christ. Ce fut sans-doute alors qu'on établit en Arménie l'usage d'une année fixe, semblable à l'année julienne.

Les Arméniens avaient cessé en 428 ou 429 d'avoir des rais, et ils étaient gouvernés par des satrapes persans. Comme les rois de Perse leur défendaient d'avoir aucun commerce avec les grecs, et même d'en garder les livres, et qu'ils n'en avaient aucuns écrits dans leur propre langue, pour laquelle ils n'avaient pas même de caractères, ils se proposèrent d'en inventer un qui en exprimât les sons, et dans lequel ils pussent écrire une traduction de la bible, des sermonaires, etc. Moïse de Khorenne fut employé à cet ouvrage avec d'autres savants, et ce fut alors qu'on pensa à établir une liturgie propre aux églises arméniennes ; mais comme il était très-difficîle d'avoir un calendrier qui donnât dans l'année vague le jour de Pâques, et la célébration des fêtes aux mêmes jours que les autres églises chrétiennes qui se réglaient sur l'année julienne, ce fut sans-doute par cette raison qu'on établit l'usage d'une année liturgique fixe.

Dans la suite, lorsque les Arméniens se réconcilièrent avec l'Eglise latine, et qu'une partie d'entre eux reconnut les papes de Rome, dans une espèce de concîle tenu à Kerna, au XIIe siècle, ils admirent la forme de l'année julienne, que le commerce avec les Francs avait rendue nécessaire depuis les croisades. Les actes du concîle des Sis joignent l'an 756 de l'ère arménienne avec l'an 1307 de l'ére vulgaire, et datent dans l'une et l'autre année par le 19 de Mars. Dans le concîle d'Adena, tenu en 1316, où il fut question du calendrier, on ne se sert que des mois juliens et de l'ère vulgaire, et encore aujourd'hui lorsque les arméniens traitent avec les occidentaux, ils emploient les mois juliens. Une lettre ou bulle du patriarche arménien de Valarschapad, publiée par Schroder, porte la date du premier Décembre 1153 de l'ére arménienne, c'est l'an 1702.

Le dictionnaire arménien de Riucola donne le nom de plusieurs mois rapportés aux mois juliens ; mais ce rapport est très-différent de celui qui se trouve dans les liturgies et dans les calendriers entre l'année julienne et l'année arménienne fixe. Riucola avait sans-doute copié des calendriers réglés au XIVe siècle, pour donner le rapport qu'avait alors l'année vague avec l'année julienne. Mém. de l'acad. des Insc. tome XIX. (D.J.)