adj. (Grammaire et Théologie) ce nom qui signifie pur, innocent, parfait, convient particulièrement à Dieu qui est saint par essence.

Il a été communiqué aux hommes célèbres par leur vertu et leur piété : les premiers fidèles l'ont donné généralement à tous les chrétiens qui vivaient conformément aux lois de Jesus-Christ. Dans la suite le nom de saint et de très-saint, a été donné et se donne encore aux patriarches, aux évêques, aux prêtres, aux abbés, et aux personnes d'une éminente piété. Mais on a particulièrement affecté le nom de saint, à ceux qui sont morts et que l'on croit jouir de la gloire éternelle. Les Grecs l'ont donné aux martyrs, à leurs patriarches, à leurs évêques morts dans la communion de l'Eglise catholique, et aux personnes qui avaient vécu et qui étaient mortes saintement. Dans l'église latine ce nom a été donné autrefois aux martyrs, et à tous ceux dont la sainteté était notoire. Depuis le xii. siècle on l'a réservé à ceux qui ont été canonisés par les papes après les informations et cérémonies accoutumées. Voyez CANONISATION.

Un des points qui divisent les Protestants d'avec les Catholiques, c'est que ceux-ci adressent aux saints des vœux et des prières pour obtenir leur intercession auprès de Dieu ; ce que les Protestants condamnent comme une idolâtrie, prétendant que c'est assez honorer les saints, que de proposer leurs exemples à imiter. Voyez CULTE et INVOCATION.

Le nombre des saints reconnus pour tels est presque infini ; le père Papebrock en compte dix-sept ou dix-huit cent pour le premier jour de Juin seulement ; ce ne sont pas seulement les Protestants qui ont trouvé étrange cette multitude prodigieuse de saints. Le savant père Mabillon écrivain très-catholique, dans sa dissertation sur le culte des saints inconnus, observe qu'on rend des honneurs à des saints prétendus, qui peut-être n'étaient pas chrétiens, dont on ne sait pas même les noms, ou auxquels on adresse des prières sans savoir par aucun jugement de l'Eglise, s'ils sont dans le ciel. Mais l'Eglise, loin d'autoriser les superstitions à cet égard, les condamne et veut qu'on ne reconnaisse pour saints, que ceux dont on a des actes authentiques. Bollandus, Rosweid, le père Papebrock et autres jésuites, se sont attachés avec un zèle infatigable à ce travail, et ont publié vingt-quatre volumes in-folio pour les six premiers mois de l'année, et depuis la mort du père Papebrock, ses continuateurs en ont encore donné plusieurs. Voyez ACTES et BOLLANDISTES.

SAINT LE, (Histoire judaïque) dans l'Ecriture, marque en particulier la partie du temple qui était entre le vestibule et le sanctuaire, et dans laquelle on voyait le chandelier d'or, l'autel des parfums, et la table des pains de proposition.

Le saint ou les saints, sancta, se prend pour tout le temple, ou même pour le ciel : le Seigneur a regardé du haut de son saint, psal. cj. . 20. Louez le Seigneur dans son saint, ps. cl. . 1.

Le saint des saints, ou le sanctuaire, marque la partie la plus intérieure et la plus sacrée du temple, où était l'arche d'alliance, et où personne n'entrait jamais, sinon le grand-prêtre, une fois l'année au jour de l'expiation solennelle. Voyez EXPIATION et SANCTUAIRE.

SAINT, SAINTETE, (Critique sacrée) ; sainteté signifie la pureté d'ame, Thess. IIIe 13. la piété envers Dieu, Luc, j. 75. La sainteté, dit Platon, est cette partie de la justice qui consiste dans le service des dieux ; et celle qui consiste dans les devoirs des hommes envers les hommes, est la seconde partie de la justice. Mais la sainteté du temple dans l'Exode, c'est le temple de Jérusalem consacré au culte de Dieu seul. Les choses saintes sont les mystères de la Religion, Matt. VIIe 6. La qualification de saints, se donne dans le vieux Testament aux anges, aux prophetes, aux patriarches, aux sacrificateurs, au peuple juif ; dans le nouveau-Testament les apôtres honorent de ce titre les fidèles et les chrétiens, parce qu'ils doivent mener une vie pure et religieuse. (D.J.)

SAINT, (Géographie moderne) les mots saint et sainte, ont été imposés en Géographie à plusieurs lieux où l'on a bâti des églises et des monastères, auxquels on a donné le nom des saints dont on y révérait la mémoire.

Ces églises et ces monastères ont été avec le temps accompagnés de quelques maisons, et ont Ve se former à l'ombre de leurs clochers, des villages, des bourgs, ou des villes, qui ont ensuite pris le nom du saint.

Des navigateurs ont trouvé des iles, des rivières, des ports, dont ils ignoraient la dénomination, et ils leur ont donné celui du saint ou de la sainte, dont ils portaient eux-mêmes le nom, ou du saint dont l'église célébrait la mémoire le jour de la découverte.

Il est arrivé de cette manière, que les noms de saint et de sainte, sont devenus assez ridiculement des noms géographiques ; de plus, ces noms géographiques en se multipliant prodigieusement, ont jeté une grande confusion dans cette science ; mais il n'y a point de moyen d'y remédier.

Les Italiens disent santo, pour saint ; seulement au lieu de santo, ils disent sant devant les mots qui commencent par une voyelle, et san devant ceux qui commencent par une consonne, sant'Ambrosio, sant'Agostino, san Paolo. Cette règle est la même dans les noms de lieux imposés par les Espagnols.

On ne trouvera guère dans ce Dictionnaire (& seulement sous leurs noms propres) que les endroits un peu considérables, nommés par les François saint, par les Italiens et les Espagnols santo, sant'ou san ; car les détails minucieux ne conviennent point à cet ouvrage. (D.J.)

SAINTS culte des, (Histoire ecclésiastique) ce n'est pas mon dessein de faire méthodiquement l'histoire de l'invocation et du culte des saints ; mais le lecteur sera peut-être bien-aise de trouver ici le morceau de M. Newton sur cette matière, et qui n'a point encore été traduit en français.

Trais choses, selon lui, donnèrent occasion à ce culte ; 1°. les fêtes célébrées en mémoire des martyrs ; 2°. la coutume de prier auprès de leurs sépulchres ; 3°. les prétendus miracles opérés par leurs reliques.

Grégoire de Nysse rapporte que Grégoire évêque de Néocésarée et de Pont, s'étant aperçu que les jeux et les fêtes payennes retenaient le commun peuple dans l'idolâtrie, permit qu'on célébrât des fêtes en mémoire des martyrs, et que le peuple s'y divertit. On substitua bien-tôt après la fête de Noë aux bacchanales ; celle du premier Mai aux jeux de Flora ; celles de la sainte Vierge, de saint Jean-Baptiste, et des apôtres, aux fêtes marquées dans le vieux calendrier romain, les jours de l'entrée du soleil dans quelque signe du zodiaque. Cyprien ordonna de tenir un registre exact des actes des martyrs, afin d'en célébrer la mémoire ; et Felix évêque de Rome, jaloux de la gloire des martyrs, commanda d'offrir annuellement des sacrifices en leur nom.

La coutume de s'assembler dans les cimetières où étaient les sépulchres des martyrs, laquelle commença à être en vogue du temps de la persécution de Dioclétien, contribua encore à l'établissement du culte des saints. Le concîle d'Eliberi ou d'Elvire en Espagne, tenu en 305, défendit d'allumer pendant le jour des cierges dans les cimetières des martyrs, de peur de troubler leur repos. Celui de Laodicée, tenu l'an 314, condamna ceux qui abandonnant les cimetières des vrais martyrs, allaient faire leurs prières auprès des sépulchres des martyrs hérétiques ; et l'an 324, un autre concîle dénonça anathème à ceux qui par arrogance abandonneraient les congrégations des martyrs, les liturgies qu'on y lisait, et la commémoration qu'on faisait de ces athletes du Seigneur.

Avant qu'on eut la liberté de bâtir des églises pour y célébrer le service divin, on s'assemblait dans les cimetières des martyrs ; on y faisait tous les ans une commémoration de leur martyre ; on allumait des flambeaux en leur honneur, et on jetait de l'eau benite sur ceux qui y venaient pour leurs dévotions. Lorsqu'ensuite la paix fut donnée à l'Eglise, et qu'on bâtit des temples magnifiques pour s'y assembler, on transporta les corps des saints et des martyrs dans ces temples. L'empereur Julien reprocha aux chrétiens cette coutume.

Dans la suite, on attribua aux os des martyrs la vertu de faire taire les oracles, de chasser les démons, de guérir les malades, d'opérer toutes sortes de miracles ; c'est ce qu'on prouve par des témoignages de divers pères. On garda religieusement leurs reliques ; on s'imagina que les saints après leur mort, devenaient les protecteurs et comme les dieux tutélaires des lieux où étaient leurs os.

Enfin, on commença à leur rendre un culte religieux et à les invoquer, premièrement en Egypte et en Syrie, ensuite à Constantinople, et dans les églises d'occident. Grégoire de Nazianze adresse des prières à Athanase et à Basîle ; et il rapporte que Justine fut protégée miraculeusement, parce qu'elle invoquait la sainte Vierge. Grégoire de Nysse implora le secours d'Ephrem et du martyr Théodore. A Constantinople, l'invocation des saints fut inconnue jusqu'à l'année 379, que Grégoire de Nazianze la leur enseigna : saint Chrysostome l'appuya fortement ; mais l'empereur Théodose défendit quelque temps après, de déterrer les os des saints et des martyrs, ou de les transporter d'un lieu à un autre.

Sans adopter toutes les idées de M. Newton, on ne peut disconvenir qu'il n'y ait dans ce petit morceau des vues très - justes sur l'origine du culte des saints ; et d'ailleurs il faut observer que ce beau génie n'avait fait que jeter ces remarques sur le papier, sans y mettre la dernière main. (D.J.)