BAPTEME

L'auteur observe d'abord que la dispute entre les paedobaptistes et les anti-paedobaptistes anglais (qu'il nous soit permis d'employer ces deux mots expressifs), peut se réduire à deux chefs : 1°. la manière d'administrer le baptême, savoir si on doit le faire seulement par immersion : et 2°. les personnes à qui l'on doit l'administrer, si c'est seulement aux adultes, ou si l'on doit le donner aussi aux enfants. Il soutient qu'en ce que les décisions de l'Ecriture-sainte ont de clair, la pratique des anti-paedobaptistes y est conforme, comme l'on en convient ; et que supposé qu'ils errent, ils prennent cependant le parti le plus sur, en s'en tenant à ce qu'il y a de clairement décidé dans l'Ecriture. Il prétend que le mot grec baptiser, signifie toujours plonger une chose de quelque manière que ce soit ; mais que dans l'usage le plus ordinaire il signifie plonger dans l'eau ; ce qu'il confirme par divers passages des anciens ; il remarque ensuite que les critiques assurent constamment que le vrai et propre sens du terme de , est immergo, je plonge ; et que supposé que ce mot fût équivoque d'ailleurs ; cependant en tant que relatif au baptême, il est déterminé à signifier nécessairement plonger ; et cela par la pratique de S. Jean, des apôtres, et de l'église, qui pendant plusieurs siècles, a fortement pressé la triple immersion.

Il soutient aussi que l'ancienne Eglise, dans les premiers siècles, n'a point pratiqué l'aspersion, que tous ceux qui ont été baptisés du temps des apôtres, l'ont été par immersion ; qu'il ne parait point que le baptême des Cliniques, ait été en usage qu'environ 250 ans après Jesus-Christ ; que dans ce temps-là on doutait fort de sa validité, et que tout le monde convient qu'anciennement on a insisté sur la nécessité de l'immersion, comme étant la seule manière régulière d'administrer le baptême dans tous les cas ordinaires ; il passe ensuite à l'autre point de la question entre les paedobaptistes et leurs adversaires : savoir, qui sont les personnes à qui l'on doit administrer le baptême ; si ce sont seulement les adultes, ou si l'on doit y admettre aussi les enfants.

Comme on ne peut point prouver par l'Ecriture, que les enfants doivent être baptisés, on a recours pour autoriser cet usage à la pratique de l'Eglise judaïque, et à celle des anciens chrétiens. Le docteur Gale répond, que dès que le baptême des petits enfants ne peut se prouver par l'Ecriture, il en résulte que ce n'est point une institution de Jesus-Christ ; et que supposer qu'elle soit comprise dans une ou plusieurs expressions générales, c'est supposer ce qui est en question.

Il prouve dans la lettre suivante, par le passage de S. Matthieu, chap. xxviij. vers. 19. que l'Ecriture ne laisse pas la question du baptême des petits enfants aussi indécise que quelques-uns l'imaginent, et que la commission oblige indispensablement d'instruire ceux qu'elle ordonne de baptiser ; d'où il s'ensuit que les petits enfants ne peuvent être compris dans cette commission. Le mot grec ne signifie constamment qu'enseigner, et le mot désigne uniquement des personnes du moins capables d'instruction ; ainsi que les plus judicieux interprêtes de l'Ecriture l'ont toujours reconnu. Quand il serait vrai que les Juifs et les Chrétiens baptisaient les petits enfants, les anti-paedobaptistes ont cependant des raisons suffisantes pour ne point admettre cette pratique.

M. Gale Ve plus loin, il soutient que les raisons alleguées par les paedobaptistes, ne démontrent point que ce fût la coutume des Juifs, du temps de notre Sauveur, de baptiser les prosélytes et leurs enfants ; et il produit plusieurs arguments pour justifier le contraire. Enfin il ajoute qu'en supposant qu'on put prouver démonstrativement la vérité du fait, il ne doit pas servir de règle pour l'administration du sacrement de la religion chrétienne, cette pratique des Juifs n'étant point fondée sur l'Ecriture, ne devant point son origine à Moïse, et n'étant appuyée que de la tradition des rabbins.

Il remarque dans l'onzième lettre, que l'argument de M. Wall, tiré de l'autorité des pères, porte sur une supposition qu'on ne lui accordera pas aisément, je veux dire, que l'Eglise primitive n'a rien cru ni pratiqué, que ce qu'elle avait reçu des apôtres ; mais, dit le docteur Gale, sans donner atteinte à l'honneur et à la probité des pères, leurs témoignages ne peuvent établir le baptême des petits enfants ; quand M. Wall multiplierait encore davantage les citations tirées de leurs écrits : car si les pères ne prouvent que le fait, ou ce qui se pratiquait dans l'Eglise et non le droit ; et si l'Eglise n'était pas entièrement exempte d'innovations, comment leur témoignage prouve-t-il que le baptême des petits enfants n'était pas une innovation, mais une institution de Jesus-Christ ?

Il est fâcheux de rappeler la mémoire des exemples de la fragilité humaine, dont la primitive Eglise elle-même n'a point été exempte. C'étaient des hommes sujets aux mêmes passions que nous ; il n'est donc pas surprenant qu'ils se trompassent quelquefois, ni que leur zéle pour la gloire de Dieu ne fût pas toujours éclairé : et quoiqu'il put les empêcher de perdre ce que notre Seigneur leur avait laissé de considérable à garder, il pouvait cependant les exposer à ajouter bien des choses, qu'il n'avait jamais autorisées. Les apôtres, au-contraire, ont suivi ses directions sans s'en écarter le moins du monde, parce qu'ils étaient assistés extraordinairement de l'esprit de Dieu.

Mais les chrétiens du siècle qui a suivi immédiatement, ont fait plusieurs additions, de l'aveu de Tertullien, dans son livre de coronâ. Eusèbe, Histoire eccl. l. III. c. xxxij. rapporte, sur le témoignage d'Hégésippe, que l'Eglise se conserva tout le temps des apôtres comme une vierge chaste ;... mais, dit-il, depuis que les apôtres eurent été enlevés.... les faux docteurs eurent la hardiesse de publier plusieurs erreurs permanentes.

Enfin, M. Gale dans sa dernière lettre, remarque que du temps de S. Cyprien, le baptême des petits enfants était en usage en Afrique, et qu'il y a peut-être pris naissance ; que les Africains étaient généralement de petits esprits ; que selon les apparences, l'église grecque n'avait point encore reçu cette erreur ; que le baptême des enfants commença d'abord, ainsi que toutes les autres innovations, par quelques légers changements dans le dogme, ce qui passa peu-à-peu dans la pratique, et parvint à la longue à ce degré d'autorité dont il jouit depuis si longtemps ; qu'enfin il doit en quelque façon son origine au zèle, mais à un zèle peu éclairé, semblable à celui qui engagea les plus anciens paedobaptistes à donner la communion aux enfants. (D.J.)