Cosmologie

sub. f. (Ordre encyclopédique, Entendement, Raison, Philosophie ou Science, Science de la nature, Cosmologie) Ce mot, qui est formé de deux mots grecs, , monde, et , discours, signifie à la lettre science qui discourt sur le monde, c'est-à-dire qui raisonne sur cet univers que nous habitons, et tel qu'il existe actuellement. C'est en quoi elle diffère de la Cosmographie et de la Cosmogonie. Voyez ces mots.

La Cosmologie est donc proprement une Physique générale et raisonnée, qui, sans entrer dans les détails trop circonstanciés des faits, examine du côté métaphysique les résultats de ces faits mêmes, fait voir l'analogie et l'union qu'ils ont entr'eux, et tâche par-là de découvrir une partie des lois générales par lesquelles l'Univers est gouverné. Tout est lié dans la Nature ; tous les êtres se tiennent par une chaîne dont nous apercevons quelques parties continues, quoique dans un plus grand nombre d'endroits la continuité nous échappe. L'art du Philosophe ne consiste pas, comme il ne lui arrive que trop souvent, à rapprocher de force les parties éloignées pour renouer la chaîne mal-à-propos dans les endroits où elle est interrompue ; car par un tel effort on ne fait que séparer les parties qui se tenaient, ou les éloigner davantage de celles dont elles étaient déjà éloignées, par l'autre bout opposé à celui qu'on rapproche ; l'art du philosophe consiste à ajouter de nouveaux chainons aux parties séparées, afin de les rendre le moins distantes qu'il est possible : mais il ne doit pas se flatter qu'il ne restera point toujours de vides en beaucoup d'endroits. Pour former les chainons dont nous parlons, il faut avoir égard à deux choses ; aux faits observés qui forment la matière des chainons, et aux lois générales de la Nature qui en forment le lien. J'appelle lois générales, celles qui paraissent s'observer dans un grand nombre de phénomènes ; car je me garde bien de dire dans tous. Telles sont les lois du mouvement, qui sont une suite de l'impénétrabilité des corps, et la source de plusieurs des effets que nous observons dans la Nature. Figure et mouvement (j'entends le mouvement qui vient de l'impulsion), voilà une grande partie des principes sur lesquels roule la Cosmologie. Il ne faut pas s'en écarter sans nécessité, mais aussi il ne faut pas trop affirmer qu'ils soient les seuls : nous ne connaissons pas tous les faits, comment pourrions-nous donc assurer qu'ils s'expliqueront tous par une seule et unique loi ? cette assertion serait d'autant plus téméraire, que parmi les faits mêmes que nous connaissons, il en est que les lois de l'impulsion n'ont pu expliquer jusqu'aujourd'hui. Voyez ATTRACTION. Peut-être y parviendra-t-on un jour ; mais en attendant cette grande découverte, suspendons notre jugement sur l'universalité de ces lais. Peut-être (& cela est du moins aussi vraisemblable) y a-t-il une loi générale qui nous est et qui nous sera toujours inconnue, dont nous ne voyons que les conséquences particulières, obscures, et limitées ; conséquences que nous ne laissons pas d'appeler lois générales. Cette conjecture est très-conforme à l'idée que nous devons nous former de l'unité et de la simplicité de la Nature. Voyez NATURE. Au reste si nous réfléchissons sur la faiblesse de notre esprit, nous serons plus étonnés encore de ce qu'il a découvert, que de ce qui lui reste caché.