S. f. (Astronomie et Histoire) c'est la vingt-quatrième et quelquefois la douzième partie du jour naturel. Voyez JOUR.

Le mot heure, hora, vient du Grec , qui signifie la même chose, et dont l'étymologie n'est pas trop connue, les savants étant fort partagés sur ce sujet.

L'heure chez nous est une mesure ou quantité de temps égale à la vingt-quatrième partie du jour naturel, ou de la durée du mouvement journalier que parait faire le soleil autour de la terre. Quinze degrés de l'équateur répondent à une heure, puisque trois cent soixante degrés répondent à vingt-quatre. On divise l'heure en soixante minutes, la minute en soixante secondes, etc. Voyez MINUTE.

La division du jour en heure est très-ancienne, comme le prouve le P. Kircher dans son Oedip. aegypt. tom. II. les heures qui sont la vingt-quatrième partie du jour, s'appellent heures simples ; les heures qui en sont la douzième partie, s'appellent heures composées.

Les plus anciens peuples faisaient leurs heures égales à la douzième partie du jour. Hérodote lib. II. observe que les Grecs avaient appris des Egyptiens entr'autres choses, à diviser le jour en douze parties.

Les Astronomes de Cathay conservent encore aujourd'hui cette division. Ils appellent l'heure chag, et donnent à chaque chag un nom particulier pris de quelque animal. Le premier est appelé zeth, souris ; le second chio, taureau ; le troisième zem, léopard ; le quatrième mau, lièvre ; le cinquième chiu, crocodîle ; le sixième six, serpent ; le septième vou, cheval ; le huitième vi, brebis ; le neuvième schim, singe ; le dixième you, poule ; l'onzième sou, chien, le douzième cai, porc.

Les heures qui partagent le jour en vingt-quatre parties égales étaient inconnues aux Romains avant la première guerre punique. Ils ne réglaient leurs jours auparavant que par le lever et le coucher du soleil.

Ils divisaient les douze heures du jour en quatre : prime ou la première, qui commençait à six heures du matin ; tierce ou la troisième, à neuf ; sexte ou la sixième, à douze ou midi ; et none ou la neuvième, à trois heures après midi. Ils divisaient aussi les heures de la nuit en quatre veilles, dont chacune contenait trois heures.

Il y a diverses sortes d'heures chez les Chronologistes, les Astronomes, les faiseurs de cadrants solaires. On divise quelquefois les heures en égales et inégales. Les heures égales sont celles qui sont la vingt-quatrième partie du jour naturel ; c'est-à-dire le temps que la terre emploie à parcourir dans son mouvement diurne de rotation quinze degrés de l'équateur.

On les appelle encore équinoxiales, parce qu'on les mesure sur l'équateur ; et astronomiques, parce que les Astronomes s'en servent. Elles changent de nom suivant la manière dont les différentes nations les comptent. Les heures astronomiques sont des heures égales que l'on compte depuis midi dans la suite continue des vingt-quatre heures. Ainsi quand un astronome dit qu'il a fait telle observation tel jour à dix-neuf heures, cela signifie tel jour à sept heures du soir.

Heures babyloniennes sont des heures égales, que l'on commence à compter depuis le lever du soleil.

Heures européennes sont des heures égales que l'on compte depuis minuit jusqu'à midi, et depuis midi jusqu'à minuit.

Heures judaïques, planétaires ou antiques, sont la douzième partie du jour et de la nuit. Comme ce n'est qu'au temps des équinoxes que le jour artificiel est égal à la nuit, ce n'est aussi que dans ce temps que les heures du jour et de la nuit sont égales entr'elles. Elles augmentent ou diminuent dans tous les autres temps de l'année. On les appelle heures antiques ou judaïques, parce que les anciens et les Juifs s'en sont servis, et que ces derniers s'en servent encore, aussi-bien que les Turcs. On les appelle aussi heures planétaires, à cause que les Astrologues prétendent que chaque heure est dominée par une nouvelle planète ; et que le jour reçoit son nom de celle qui domine à la première heure, comme la lune au lundi, Mars au mardi, etc. Par exemple, le jour du soleil, c'est-à-dire le dimanche, la première heure que l'on compte au lever du soleil, est attribuée au soleil lui-même, et en prend le nom ; la suivante prend celui de Venus, la suivante de Mercure, ensuite de la lune, de Jupiter, de Saturne et de Mars, d'où il arrive que le jour suivant la première heure au lever du soleil tombe sur l'heure de la lune ; la première du jour d'après tombe sur l'heure de Mars, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la semaine.

Les heures italiques sont des heures égales, que l'on commence à compter depuis le coucher du soleil.

Heures inégales, c'est la douzième partie du jour, et aussi la douzième partie de la nuit. L'obliquitté de la sphère les rend plus ou moins inégales en différents temps ; et elles ne conviennent avec les heures égales comme les heures judaïques, qu'au temps des équinoxes.

Après les définitions que nous venons de donner des différentes heures, il est très-facîle de les réduire les unes aux autres, et nous ne croyons pas qu'un plus grand détail soit nécessaire sur ce sujet. Voyez la Chronologie de Wolf, chap. j. d'où cet article est extrait en partie. Harris et Chambers. (G)

On connait l'heure sur la terre ferme par le moyen des pendules et des montres. On peut se servir en mer pour le même objet, du second de ces instruments, le premier étant sujet à trop de dérangements par le mouvement du vaisseau. Mais faute de montres, on peut trouver aisément l'heure par un calcul fort simple. Connaissant la latitude du lieu où l'on est (Voyez LATITUDE), et la déclinaison du soleil (Voyez DECLINAISON), on observe la hauteur du soleil à l'heure qu'on cherche, et par la trigonométrie sphérique, on conclut aisément l'heure qu'il est. Voyez le traité de Navigation de Mr. Bouguer, p. 262 et suiv. où vous trouverez un plus grand détail sur ce sujet. (O)

HEURES, (Théologie) signifie certaines prières que l'on fait dans l'église dans des temps réglés, comme matines, laudes, vêpres, etc. Voyez MATINES.

Les petites heures sont prime, tierce, sexte et none. On les appelle ainsi à cause qu'elles doivent être récitées à certaines heures, suivant les règles et canons prescrits par l'Eglise, en l'honneur des mystères qui ont été accomplis à ces heures-là. Ces heures s'appelaient autrefois le cours, cursus. Le P. Mabillon a fait une dissertation sur ces heures, qu'il a intitulée de Cursu Gallicano.

La première constitution qui se trouve touchant l'obligation des heures, est le vingt-quatrième article du capitulaire qu'Heiton ou Aiton, évêque de Basle au commencement du ix. siècle, fit pour ses cures. Il porte que les prêtres ne manqueront jamais aux heures canoniales, ni du jour ni de la nuit.

Les prières des quarante heures sont des prières publiques et continuelles que l'on fait pendant trois jours devant le saint Sacrement, pour implorer le secours du ciel dans des occasions importantes. On a soin pendant ces trois jours que le saint Sacrement soit exposé quarante heures, c'est-à-dire treize ou quatorze heures chaque jour.

HEURES, (Mythologie) en grec , filles de Jupiter et de Thémis, selon Hesiode, qui en compte trois, Eunomie, Dicé, et Irene, c'est-à-dire, le bon ordre, la justice, et la paix. Apparemment que cette fiction signifiait que l'usage bien fait des heures réglées, entretient les lais, la justice, et la concorde.

Homère nomme les heures les portières du ciel, et nous décrit ainsi leurs fonctions : " Le soin des portes du ciel est commis aux heures ; elles veillent depuis le commencement des temps à la garde du palais de Jupiter ; et lorsqu'il faut ouvrir ou fermer ces portes d'éternelle durée, elles écartent ou rapprochent sans peine le nuage épais qui leur sert de barrière ".

Le poète entend par le ciel, cette grande région de l'espace éthéré, que les saisons semblent gouverner ; elles ouvrent le ciel, quand elles dissipent les nuages ; et elles le ferment, lorsque les exhalaisons de la terre se condensent en nuées, et nous cachent la vue du soleil et des astres.

La Mythologie grecque ne reconnut d'abord que les trois heures, dont nous avons donné les noms, parce qu'il n'y avait que trois saisons, le printemps, l'été, et l'hiver ; ensuite quand on leur ajouta l'automne et le solstice d'hiver, ou sa partie la plus froide, la Mythologie créa deux nouvelles heures, qu'elle appela Carpo, et Thalatte, et elle les établit pour veiller aux fruits et aux fleurs ; enfin, quand les Grecs partagèrent le jour en douze parties égales, les Poètes multiplièrent le nombre des heures jusqu'à douze, toutes au service de Jupiter, et les nommèrent les douze sœurs, nées gardiennes des barrières du ciel, pour les ouvrir et les fermer à leur gré ; ils leur commirent aussi le soin de ramener Adonis de l'Achéron, et le rendre à Vénus.

Les mêmes poètes donnèrent encore aux heures, l'intendance de l'éducation de Junon ; et dans quelques statues de cette déesse, on représente les heures au-dessous de sa tête.

Elles étaient reconnues pour des divinités dans la ville d'Athènes, où elles avaient un temple bâti en leur honneur par Amphiction. Les Athéniens, selon Athénée, leur offraient des sacrifices, dans lesquels ils faisaient bouillir la viande au lieu de la rotir ; ils adressaient des vœux à ces déesses, et les priaient de leur donner une chaleur moderée, afin qu'avec le secours des pluies, les fruits de la terre vinssent plus doucement à maturité.

Les modernes représentent ordinairement les heures accompagnées de Thémis soutenant des cadrants ou des horloges.

Le mot , designait anciennement chez les Grecs les saisons ; ensuite, après l'invention des cadrants solaires, le même terme se prit aussi pour signifier la mesure du temps que nous nommons heure. Voyez HEURE. (D.J.)