S. f. pl. (Physique) on appelle ainsi des écoulements, ou exhalaisons de particules ou de corpuscules subtils, qui sortent d'un corps mixte par une espèce de transpiration. Voyez TRANSPIRATION. Ce mot vient du latin manare ou emanare, émaner, sortir.

Il est certain qu'il sort de pareilles émanations des corps qui nous environnent ; par exemple, que les plantes et les animaux transpirent, que les fluides s'évaporent, etc. Personne ne doute non plus que les corps odoriférants n'envoyent continuellement des émanations, et que ce ne soit par le moyen de ces émanations, qu'ils excitent en nous la sensation de l'odeur. Voyez ODEUR.

Il y a des corps qui envoyent des émanations continuelles, sans perdre sensiblement ni de leur volume, ni de leur poids, comme la plupart des corps odoriférants : la perte qu'ils souffrent par l'émission continuelle de ces émanations, est peut-être réparée par la réception d'autres émanations semblables de corps de même espèce, répandus dans l'air.

Quant à la loi de l'émission de ces émanations, voyez l'article QUALITE. Voyez aussi EMISSION.

Ces émanations opèrent avec beaucoup d'efficacité sur les corps qui sont dans la sphère de leur activité ; c'est ce que prouve M. Boyle dans un traité qu'il a fait exprès sur la subtilité des émanations. Il y fait voir 1°. que le nombre des corpuscules qui forment ces émanations, est prodigieusement grand ; 2°. qu'ils sont d'une nature fort pénétrante ; 3°. qu'ils se meuvent avec une grande vitesse, et dans toutes sortes de directions ; 4°. qu'il y a souvent une ressemblance, et d'autres fois au contraire, une différence surprenante du volume et de la forme de ces émanations aux pores des corps dans lesquels ils pénétrent, et sur lesquels ils agissent ; 5°. qu'en particulier dans les corps des animaux, ces émanations peuvent exciter de grands mouvements dans la machine, et produire par-là de grands changements dans l'économie animale ; enfin qu'elles ont quelquefois, pour ainsi dire, la faculté de tirer du secours dans leurs opérations, des agens les plus universels que nous connaissions dans la nature, comme de la gravité, de la lumière, du magnétisme, de la pression de l'atmosphère, etc.

Les émanations peuvent s'étendre à de grandes distances. En voici une preuve qui, selon quelques auteurs, est d'un grand poids. Nos vins deviennent troubles dans les tonneaux, précisément au même temps où les raisins se trouvent à leur degré de maturité dans les pays éloignés d'où le vin nous a été apporté ; mais cette preuve ne parait pas fort convaincante : car ne pourrait-on pas dire que c'est l'air qui cause cette fermentation, sans avoir recours à des particules qui s'échappent des corps qui fermentent ? Une des meilleures preuves qu'on puisse apporter de la distance à laquelle s'étendent les émanations, c'est qu'on reçoit en plusieurs cas les émanations odoriférantes à la distance de plusieurs lieues. De plus, on prouve encore par plusieurs observations, que la plupart des émanations retiennent la couleur, l'odeur, et les autres propriétés et effets des corps d'où elles proviennent ; et cela après même qu'elles ont passé par les pores d'autres corps solides. C'est ainsi que les émanations magnétiques pénètrent même les corps les plus solides, sans souffrir aucune altération dans leur nature, ni rien perdre de leur force.

Plusieurs auteurs, à la tête desquels est M. Newton, veulent que la lumière soit produite par une émanation de corpuscules qui s'élancent du corps lumineux. Si ce système, qui est appuyé sur des preuves très-fortes, était vrai, il servirait à prouver combien les émanations peuvent être subtiles, et à quelles distances énormes elles peuvent s'étendre. Voyez LUMIERE et EMISSION. Voyez aussi, sur les émanations en général, les articles ODEUR, VAPEUR, TRANSPIRATION, EXHALAISON, ATMOSPHERE, etc. (O)