terme de Géométrie. Point de concours de plusieurs lignes, est le point dans lequel elles se rencontrent, ou dans lequel elles se rencontreraient, si elles étaient prolongées. Point de concours de plusieurs rayons. Voyez
FOYER. (O)
CONCOURS, s. m. (Métaphysique) Le concours est l'action réciproque de différentes personnes, ou choses, agissant ensemble pour un même effet et pour une même fin. Les scolastiques distinguent deux sortes de concours, le médiat, et l'immédiat ; le premier qui consiste à donner le pouvoir, ou la faculté d'agir ; le second qui est l'influence contemporaine de deux causes pour produire un effet ; ainsi l'ayeul concourt médiatement à la production du petit-fils, parce qu'il a donné au père la puissance d'engendrer : mais le père concourt, immédiatement avec la mère pour le produire. On convient généralement que Dieu concourt médiatement avec toutes les créatures, pour les rendre capables d'agir : nous ne pensons, nous ne parlons, et nous n'agissons que parce que Dieu nous en a donné la faculté ; et sans cette providence contre laquelle les impies s'élèvent, ils seraient encore dans le néant, et la terre ne serait pas chargée du poids de ces ingrats. Mais on dispute dans les écoles, si le concours médiat est suffisant, et s'il n'est pas de plus nécessaire qu'elle concoure immédiatement avec les créatures par une nouvelle influence, pour la production de chaque acte, de la même manière que le père concourt avec la mère pour la production de l'enfant. Le torrent des scolastiques est pour l'affirmative. Durand de S. Portien évêque de Meaux, assez hardi pour le temps où il écrivait, et d'autant plus hardi que tous les esprits étaient subjugués, se déclara pour le concours médiat ; voici les raisons sur lesquelles il appuie son sentiment. Si Dieu concourait immédiatement avec les créatures, ou ce serait par la même action numérique, ou ce serait par une action différente ; on ne peut dire ni l'un ni l'autre. 1°. Ce n'est point par la même action numérique que Dieu concourt avec les créatures, parce que la même action numérique ne peut émaner de deux agens, à moins qu'elles n'aient la même faculté numérique, telle qu'elle est dans le Père et dans le Fils qui produisent le Saint-Esprit par la même aspiration numérique. En second lieu, Dieu ne concourt point par une action qui lui serait personnelle ; car ou l'action de Dieu précéderait l'action de la créature, ou elle en serait précédée, ou ces deux actions seraient simultanées. Si l'action de Dieu précède l'action de la créature, il ne reste donc rien à faire pour la créature ; de même si c'est l'action de la créature qui précède celle de Dieu, l'influence de Dieu est inutile, parce que l'effet est produit par l'action qui précède, soit que cette action vienne de Dieu, soit qu'elle appartienne à la créature. Enfin si deux actions sont simultanées, l'une des deux devient inutile, parce qu'une seule suffit pour produire l'effet. Voilà apparemment ce que nieront les auteurs qui soutiennent le concours immédiat ; ils en fondent la nécessité sur le souverain domaine que Dieu a sur toutes les créatures, et plus encore sur la conservation qui, selon eux, est une création continuée. Voici comme ils raisonnent. La conservation étant une création continuée, Dieu est obligé de produire des substances dans tous les instants. Or Dieu ne peut pas produire des substances, qu'il ne les produise revêtues de leur modification ; il ne les produit pas sans-doute comme des êtres sans formes et comme des espèces, ou quelqu'autre des universaux de Logique. Or parmi les modifications dont les substances sont douées, on y doit comprendre tous les actes par lesquels elles se modifient : donc Dieu les produit immédiatement avec les créatures : donc il faut admettre le concours immédiat. Mais ce sentiment parait blesser la liberté, c'est du-moins la conséquence que tire M. Bayle ; jugez s'il est conséquent dans son raisonnement. Il me semble, dit cet auteur, qu'il en faut conclure que Dieu a fait tout ce qui n'avait point dans toutes les créatures, des causes premières, secondes, et même occasionnelles, comme il est aisé de le prouver ; car en ce moment où je parle, je suis tel que je suis avec mes circonstances, avec telle pensée, avec telle action, assis ou debout : que si Dieu m'a créé au commencement tel que je suis, comme on doit nécessairement le dire dans ce système, il m'a créé avec telle pensée, telle action, tel mouvement, et telle détermination ; on ne peut dire que Dieu m'a créé existant, qu'il ne produise avec moi mes mouvements et mes déterminations. Cela est incontestable pour deux raisons. La première est que quand il me crée et me conserve à cet instant, il ne me conserve pas comme un être sans forme, comme une espèce, ou quelqu'autre des universaux de Logique ; je suis un individu, il me crée et me conserve comme tel, étant tout ce que je suis dans cet instant. M. Bayle pousse encore davantage cette objection. Quoi, dit-il, rejetterons-nous la subsistance continue des créatures à cause des fâcheuses conséquences ? Sont-elles à comparer avec celles dont nous venons de parler ci-dessus ? L'hypothèse de ces gens-là est une pure imagination inconcevable.
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