S. f. (Serrurerie) instrument de fer qui sert à ouvrir et fermer une serrure. On y distingue trois parties principales, l'anneau, la tige, et le panneton : l'anneau est la partie évuidée en cœur ou autrement, qu'on tient à la main quand on ouvre ou ferme la serrure ; la tige est le petit cylindre compris entre l'anneau et le panneton ; le panneton est cette partie saillante à l'autre extrémité de la clé et placée dans le même plan que l'anneau. On voit que le panneton étant particulièrement destiné à faire mouvoir les parties intérieures de la serrure, doit changer de forme selon le nombre, la qualité, et la disposition de ces parties. Pour faire une clé ordinaire, on prend un morceau de fer proportionné à la grosseur de la clé : on ménage à une extrémité une portion d'étoffe pour le panneton ; on forge la tige : on ménage à l'autre bout une autre portion d'étoffe pour l'anneau, puis on sépare sur la tranche la clé qui est pour ainsi dire enlevée ; on donne au marteau et à la forge, à l'étoffe destinée pour le panneton, la forme la plus approchée de celle qu'il doit avoir : on perce à la pointe l'étoffe destinée pour l'anneau, qu'on a auparavant aplatie au marteau ; puis on acheve la clé à la lime et à l'étau. On verra dans nos Planches de Serrurerie, des clés de plusieurs sortes, tant simples qu'ornées, tant ébauchées que finies, tant à panneton plat qu'à panneton en S, tant solides que forées, tant à simple forure qu'à forures multipliées. Les clés simples sont telles que celles que je viens de décrire ; elles sont quelquefois terminées par un bouton. Les clés ornées sont celles dont l'anneau évuidé et solide en plusieurs endroits, forme par les parties solides et évuidées des desseins d'ornements. Les clés à pannetons plats sont celles dont cette partie terminée par des surfaces parallèles, a par-tout la même épaisseur. Les clés à panneton en S, sont celles où cette partie a la figure d'une S. Pour former les ventres de l'S avec plus de facilité, on fore le panneton en deux endroits : ces forures se font au foret à l'ordinaire ; on enlève ensuite à la lime le reste d'épaisseur d'étoffe qui se trouve au-delà de la forure, et l'S se trouve faite. Exemple : 8 14 32, soit 1 et 2 les trous ou forures, il est évident qu'en enlevant les parties 3 et 4, on formera une S. Les clés solides sont celles dont la tige n'est point percée par le bout d'un trou pour y recevoir une broche, les clés percées sont celles où le bout de la tige foré peut recevoir une broche. Quelquefois cette forure, au lieu d'être ronde, est en tiers-point, ou d'une autre forme singulière. Pour le faire facilement, on commence par pratiquer à la tige, au foret, un trou rond ; puis à l'aide d'un mandrin d'acier bien trempé, et figuré comme la forure qu'on veut faire, on donne à ce trou rond, en y forçant peu-à-peu le mandrin à coups de marteau, la figure du mandrin même, ou de la broche qu'on veut être reçue dans la clé forée. Si la broche est en fleur de lis, et que la forure doive être en fleur de lis, il faudra commencer par travailler en acier un mandrin en fleur de lis. On voit que ces clés à forure singulière demandent beaucoup de temps et de travail. Si vous concevez une clé forée, et que dans la forure on ait placé une bouterolle, en sorte que la bouterolle ne remplisse pas exactement la forure, vous aurez une clé à triple forure. On voit que par cet artifice de placer une bouterolle dans une bouterolle, et cet assemblage dans une forure, on peut ménager des espaces vides et profonds entre des espaces solides et profonds, dans la solidité de ce corps de la tige, et même donner à ces espaces telle forme que l'on veut, ce qui parait surprenant à ceux qui ignorent ce travail. Voyez dans nos Planches de Serrurerie le détail en figures de toutes ces clés, et des instruments destinés à les forer.
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