(Géographie) royaume d'Europe, situé entre la France et l'Espagne, et divisé en haute et basse Navarre. La première appartient à l'Espagne, et la seconde à la France ; et toutes les deux ensemble se divisent encore en plusieurs districts ou bailliages, qu'on appelle en Espagne mérindades. La haute Navarre en comprend cinq qui ont pour leurs capitales Pampelune, Ertella, Tudele, Olete, et Sanguersa. La basse Navarre ne contient qu'un de ces bailliages, et a pour seule ville S. Jean-Pié-de-Port.

NAVARRE, la haute, (Géographie) elle a au nord une partie des provinces de Guipuscoa et d'Alava, les Pyrénées, le Béarn, et le pays de Labour, autrement le pays des Basques ; à l'orient une partie du royaume d'Aragon, les Pyrénées, et les vallées qui se jettent au-dedans de l'Espagne par Roncevaux, par le val de Salazar, et par celui de Roncal, jusqu'à Ysara. Ses rivières principales sont l'Ebre, l'Aragon, l'Arga, l'Elba ; et ses principales vallées sont celles de Roncevaux, Salazar, Roncal, Thescoa, et Bartan. Ce royaume avait autrefois une étendue bien plus grande que celle qu'il a aujourd'hui ; car il ne comprend guère que 28 lieues de long, 23 de large, et tout au plus 15 à 20 mille familles.

L'air de ce pays est plus doux et plus tempéré, que celui des provinces plus voisines de l'Espagne ; mais le terrain est hérissé de montagnes, et abonde en mines de fer.

Ignigo-Arista est le premier qui ait regné dans la haute Navarre, et ses descendants en jouirent jusqu'en 1234. En 1316, Jeanne, comme fille de Louis Hutin, devint héritière de ce royaume, qu'elle apporta à son mari Philippe, comte d'Evreux. En 1512, Ferdinand s'en empara sur Jean sire d'Albret, qui en était roi, du chef de Catherine de Foix sa femme, dernière héritière de Charles, comte d'Evreux. Le pape le seconda dans cette entreprise ; et leur prétexte fut que ce prince était allié de Louis XII. ce fauteur du concîle de Pise. Louis XII. secourut Jean d'Albret ; mais l'activité du duc d'Albe rendit cette entreprise inutile, et força le roi de Navarre et la Palice, à lever le siège de Pampelune. Catherine de Foix disait au roi son mari, après la perte de ce royaume : " dom Jean, si nous fussions nés, vous Catherine, et moi dom Jean, nous n'aurions jamais perdu la Navarre ".

Récapitulons en deux mots l'histoire de ce royaume : les Navarrais se donnèrent à Inigo, qui commença le royaume de Navarre. Ensuite trois rois d'Aragon joignirent à l'Arragonais, la plus grande partie de la Navarre, dont les Maures musulmants occupèrent le reste. Alphonse le Batailleur, qui mourut en 1134, fut le dernier de ces rais. Alors la Navarre fut séparée de l'Aragon, et redevint un royaume particulier, qui passa depuis par des mariages aux comtes de Champagne, appartint à Philippe-le-Bel, et à la maison de France ; ensuite tomba dans celles de Foix et d'Albret, et est absorbée aujourd'hui dans la monarchie d'Espagne.

NAVARRE, la basse, (Géographie) c'est une des mérindades ou bailliages, dont tout le royaume de Navarre était composé. Elle est séparée de la Navarre espagnole par les Pyrénées. Ce pays fut occupé des premiers par les Vascons ou Gascons, lorsqu'ils passèrent les monts, pour s'établir dans la Novempopulanie sur la fin du VIe siècle : aussi tous les habitants sont basques, et parlent la langue basque, qui est la même que celle des Biscayens espagnols.

Tout ce que Jean d'Albret et Catherine reine de Navarre sa femme, purent recouvrer des états que Ferdinand roi d'Aragon et de Castille leur enleva en 1512, se réduisit à la basse-Navarre, qui n'a que huit lieues de long sur cinq de large, et pour toute ville Saint-Jean-Pié-de-Port. On lui donne pourtant le nom de royaume, et nos rois ajoutent encore ce titre à celui de France, par un usage qui semble bien au-dessous de leur grandeur.

Ce petit pays est montueux et presque stérîle ; il est arrosé par la Nive et la Bidouse. Henri d'Albret, fils de Jean, en fit un pays d'états, conformément à l'usage qui est observé dans la haute-Navarre ; et ce privilège subsiste toujours. Les dons ordinaires que les états de basse-Navarre font au roi, vont à environ 6860 ; mais ils allouent au gouverneur 7714 livres, et au lieutenant de roi 2714.