S. f. (Logique) la méthode est l'ordre qu'on suit pour trouver la vérité, ou pour l'enseigner. La méthode de trouver la vérité s'appelle analyse ; celle de l'enseigner, synthèse. Il faut consulter ces deux articles.
La méthode est essentielle à toutes les sciences, mais surtout à la Philosophie. Elle demande 1°. que les termes soient exactement définis, car c'est du sens des termes que dépend celui des propositions, et c'est de celui des propositions que dépend la démonstration. Il est évident qu'on ne saurait démontrer une thèse avant que son sens ait été déterminé. Le but de la Philosophie est la certitude ; or il est impossible d'y arriver tant qu'on raisonne sur des termes vagues. 2°. Que tous les principes soient suffisamment prouvés : toute science repose sur certains principes. La Philosophie est une science, donc elle a des principes. C'est de la certitude et de l'évidence de ces principes que dépend la réalité de la Philosophie. Y introduire des principes douteux, les faire entrer dans le fil des démonstrations, c'est renoncer à la certitude. Toutes les conséquences ressemblent nécessairement aux principes dont elles découlent. De l'incertain ne peut naître que l'incertain, et l'erreur est toujours mère féconde d'autres erreurs. Rien donc de plus essentiel à la saine méthode que la démonstration des principes. 3°. Que toutes les propositions découlent, par voie de conséquence légitime, de principes démontrés : il ne saurait entrer dans la démonstration aucune proposition, qui, si elle n'est pas dans le cas des axiomes, ne doive être démontrée par les propositions précédentes, et en être un résultat nécessaire. C'est la logique qui enseigne à s'assurer de la validité des conséquences. 4°. Que les termes qui suivent s'expliquent par les précédents : il y a deux cas possibles ; ou bien l'on avance des termes sans les expliquer, ou l'on ne les explique que dans la suite. Le premier cas peche contre la première règle de la méthode ; le second est condamné par celle-ci. Se servir d'un terme et renvoyer son explication plus bas, c'est jeter volontairement le lecteur dans l'embarras, et le retenir dans l'incertitude jusqu'à ce qu'il ait trouvé l'explication désirée. 5°. Que les propositions qui suivent se démontrent par les précédentes : on peut raisonner ici de cette façon. On vous avance des propositions dont la preuve ne se trouve nulle part, et alors votre démonstration est un édifice en l'air ; on vous renvoie la preuve de ces propositions à d'autres endroits postérieurs, et alors vous construisez un édifice irrégulier et incommode. Le véritable ordre des propositions est donc de les enchainer, de les faire naître l'une de l'autre ; de manière que celles qui précèdent servent à l'intelligence de celles qui suivent : c'est le même ordre que suit notre âme dans le progrès de ses connaissances. 6°. Que la condition sous laquelle l'attribut convient au sujet soit exactement déterminée : le but et l'occupation perpétuelle de la Philosophie, c'est de rendre raison de l'existence des possibles, d'expliquer pourquoi telle proposition doit être affirmée, telle autre doit être niée. Or cette raison étant contenue ou dans la définition même du sujet, ou dans quelque condition qui lui est ajoutée, c'est au philosophe à montrer comment l'attribut convient au sujet, ou en vertu de sa définition, ou à cause de quelqu'autre condition ; et dans ce dernier cas, la condition doit être exactement déterminée. Sans cette précaution vous demeurez en suspens, vous ne savez si l'attribut convient au sujet en tout temps et sans condition, ou si l'existence de l'attribut suppose quelque condition, et quelle elle est. 7°. Que les probabilités ne soient données que pour telles, et par conséquent que les hypothèses ne prennent point la place des thèses. Si la Philosophie était réduite aux seules propositions d'une certitude incontestable, elle serait renfermée dans des limites trop étroites. Ainsi il est bon qu'elle embrasse diverses suppositions apparentes qui approchent plus ou moins de la vérité, et qui tiennent sa place en attendant qu'on la trouve : c'est ce qu'on appelle des hypothèses. Mais en les admettant il est essentiel de ne les donner que pour ce qu'elles valent, et de n'en déduire jamais de conséquence pour la produire ensuite comme une proposition certaine. Le danger des hypothèses ne vient que de ce qu'on les érige en thèses ; mais tant qu'elles ne passent pas pour ainsi dire, les bornes de leur état, elles sont extrêmement utiles dans la Philosophie. Voyez cet article.
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