S. m. (Histoire naturelle, Botanique) raphanus, genre de plante à fleur en croix, composée de quatre pétales. Le pistil sort du calice, et devient dans la suite un fruit ou une silique en forme de corne, épaisse, et d'une substance spongieuse, qui renferme deux rangées de semences arrondies. Ces rangées sont séparées l'une de l'autre par une pellicule très-mince. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

Les racines du raifort sont assez longues, blanches en-dedans, d'un rouge vif en-dehors, et d'un goût moins piquant que le radis ; mais pour décrire cette plante en botaniste, il faut nécessairement abandonner les mots du vulgaire, et se servir des termes de l'art : ainsi, pour instruire le lecteur, nous le renvoyons au mot latin RAPHANUS, et au mot français RAVE ; car dans Paris même on confond le raifort avec la rave. (D.J.)

RAIFORT D'EAU, (Botanique) espèce de cresson ou de sisymbrium. Voyez SISYMBRIUM, Botan.

RAIFORT SAUVAGE, (Diet. et Mat. méd.) grand raifort, grand raifort sauvage, cram, mouterdelle ; les feuilles de cette plante sont en usage en Médecine, mais sa racine l'est beaucoup davantage. Les gens de la campagne mangent cette dernière partie dans plusieurs pays. Elle est si âcre qu'il n'y a que les estomacs les plus forts, et les tempéraments les moins irritables à qui elle puisse convenir comme véritable aliment. On la rape dans plusieurs provinces d'Allemagne, et l'on en fait une espèce d'assaisonnement pour les viandes, dont on se sert comme nous faisons de la moutarde ; aussi cette racine est-elle connue sous le nom de moutarde des Allemands. On emploie plus communément le raifort sauvage à titre de remède. Cette plante qui est de la classe des cruciferes de Tournefort, est une de celles dont l'alkali volatil spontané est le plus abondant et le plus développé ; elle tient par conséquent un rang distingué parmi les anti-scorbutiques alkalins. Elle est parfaitement analogue non-seulement quant aux qualités absolues, mais même quant au degré d'activité, au cochlearia. Elle est plus forte que le cresson, que la passerage, et même que la moutarde. Voyez tous ces articles, et surtout COCHLEARIA. On retire comme de cette dernière plante, des feuilles et des racines du raifort sauvage une eau distillée qui a aussi les mêmes vertus. Cette eau distillée est d'ailleurs éminemment recommandée comme un puissant diurétique. Sa dose ordinaire est d'environ quatre onces. On la mêle, selon les indications, avec du petit lait, avec du vin blanc, avec un bouillon, ou avec un aposème approprié. Le suc de la racine donné de la même manière et à la même dose est encore meilleur. Ces remèdes sont regardés comme une sorte de spécifique contre l'hydropisie et le rhumatisme, et ils réussissent en effet assez souvent dans le traitement de ces maladies. On les donne aussi avec succès dans l'asthme humide, et dans toutes les affections vraiment catharrales de la poitrine. On peut corriger le goût piquant du suc, et châtrer ou modérer son activité, en le réduisant sous forme de syrop, qu'on doit préparer par le bain-marie, comme le syrop anti-scorbutique de la pharmacopée de Paris dont cette racine est un ingrédient.

La racine du grand raifort sauvage entre encore dans la composition du vin anti-scorbutique, de l'eau antiscorbutique et de l'eau générale de la pharmacopée de Paris. Les feuilles et les racines entrent dans l'emplâtre diabotanum. (b)

RAIFORT, (Diete et Mat. médic.) raifort cultivé ou des jardins, rave des Parisiens, raifort ou rave des Parisiens rouge, raifort blanc, gros raifort blanc du Languedoc, où il est appelé rabé de segairé, c'est-à-dire, rave ou raifort de Maissonneur, radis blanc et radis noir.

C'est à une seule espèce de plante qu'appartiennent les différentes racines désignées par ces différents noms ; elles ne sont que des variétés de la racine de raifort cultivé : les unes et les autres ont outre ces différences prises de leur forme et de la couleur de leur peau, d'autres variétés aussi accidentelles, fondées principalement sur leur diverse grosseur, sur la différente vivacité de leur gout, et enfin sur ce que leur tissu est plus ou moins dense, plus ou moins fibreux, plus ou moins succulent, fondant ou rempli d'eau ; mais tout cela ne met que très-peu de différences réelles entre les qualités diététiques et médicamenteuses de toutes ces racines, on peut les considérer comme une seule et unique matière.

Le raifort tendre, tel qu'il est toujours quand il a été cultivé dans un terrain léger et assidument arrosé, et qu'on le cueille avant qu'il ait poussé sa tige, est un aliment très-agréable qui réveille par son goût vif l'appétit et le jeu des organes de la digestion, en même temps qu'il imprime à tous ces organes un sentiment de fraicheur très-agréable par l'abondance de son eau ; c'est un alkali volatil spontané qui constitue le piquant de son goût : mais ce principe étant noyé dans une très-grande quantité d'eau, ne produit l'effet échauffant qui lui est propre que dans les sujets les plus sensibles, ou lorsqu'on mange des raiforts avec excès, sans les mêler avec d'autres aliments, ou enfin lorsqu'on mange ceux qui sont les plus piquans, ou ce qu'on appelle vulgairement les plus forts. Ces derniers ne sont bons que pour les estomacs vigoureux des paysans et des manœuvres ; mais tout bon estomac d'un sujet ordinaire de tout âge et de tout état digère très-bien plusieurs douzaines de petites raves de Paris, où elles sont douces et d'ailleurs excellentes, surtout lorsqu'on les mange pendant le repas, en les entremêlant avec les aliments ordinaires. Celles-là même pourraient plutôt nuire comme crudité aux estomacs faibles qui craignent les crudités ; elles ne sont pas propres non plus aux personnes qui sont très-sujettes aux coliques venteuses ; le raifort est réellement un peu venteux.

L'usage des raiforts entiers, c'est-à-dire mangés à l'ordinaire, peut être regardé au contraire comme vraiment médicamenteux, et très-utîle pour aider la digestion dans les estomacs paresseux et sujets aux congestions de sucs acides, par exemple, chez les mélancoliques : cet aliment est encore éminemment propre aux scorbutiques. Voyez SCORBUT.

Le suc de raifort cultivé est un diurétique des plus éprouvés, qu'on emploie fort communément et avec succès toutes les fois que les puissants diurétiques sont indiqués, dans le traitement de l'hydropisie, les affections des voies urinaires, de l'asthme, etc. la dose ordinaire est de trois à quatre onces prises le matin à jeun pendant quelques jours consécutifs. On édulcore quelquefois ce suc avec le sucre, ou quelque syrop approprié, et principalement lorsqu'on l'ordonne contre l'asthme.

On pourrait retirer par la distillation une eau et un esprit de raifort qui seraient fort analogues quant à leurs vertus absolues, aux mêmes produits du cochlearia, du cresson, du raifort sauvage, etc. mais comme ceux du raifort seraient très-inférieurs en degré de concentration, et par conséquent d'activité à ces dernières substances, qu'on peut d'ailleurs affoiblir au besoin autant qu'on veut, on n'emploie point ordinairement l'eau ni l'esprit de raifort.

Les semences de raifort s'emploient aussi quelquefois en Médecine, mais fort rarement ; elles contiennent les mêmes principes médicamenteux que la racine ; mais comme ces semences sont plus succulentes, il faut les écraser dans de l'eau, ou dans une liqueur aqueuse, les y laisser macérer pendant une heure, et les exprimer ; la liqueur qui provient de cette opération équivaut à-peu-près au suc de la racine. (b)