AZUR (pierre d '). Voyez PIERRE D'AZUR.

* AZUR factice, (Chimie) L'azur factice n'est autre chose qu'un verre bleu réduit en poudre. Si cette poudre est un peu grossière, il s'appelle azur à poudrer : si elle est d'une grande finesse, on l'appelle azur fin ou d'émail. Le docteur Krieg, cité par M. Hellot dans un mémoire du recueil de l'Académie royale des Sciences, année 1737, page 228, décrit dans les Transactions philosophiques, n°. 393, la manière de conduire le smalt jusqu'à l'état d'azur. Nous nous contenterons de donner ici l'extrait de son mémoire, renvoyant à l'article SMALT un plus grand détail et les observations de M. Hellot, sur la manière de connaître le cobalt propre à la fabrique du verre bleu. Voyez donc SMALT.

" Le smalt, dit le docteur Krieg, est fait de cobalt ou cadmie naturelle : c'est une pierre grise et brillante qu'on trouve en quantité dans les environs de Snéeberg, et dans quelques autres endroits du Woigtland en Franconie. Cette mine est souvent mêlée de marcassite, quelquefois de mine d'argent et de mine de cuivre : on y rencontre même de l'argent pur en forme de poil, mais rarement ". Il décrit ensuite la manière d'en séparer le fluor inutile, par des moulins à pilons et par un courant d'eau, et la manière de torréfier ou rôtir la partie pesante que l'eau n'a pas entrainée, pour en faire évaporer le soufre et l'arsénic ; il donne la figure des fourneaux où se fait la torréfaction, et celle des tuyaux coudés des cheminées, où l'arsénic se sublime et se rassemble. Il passe ensuite au procédé de la vitrification de la mine rôtie en smalt, par le moyen des cailloux calcinés et de la potasse qu'on y mêle ; et il finit par la figure des moulins à pilons, qui réduisent ce smalt en poudre connue ici sous le nom d'azur.

Sur quoi il faut observer, ajoute M. Hellot, que la matière colorante du cobalt étant unie par le feu à la frite, a différents noms dans le pays, selon les différents états de sa fonte ; on l'appelle safre, quand le mélange de la mine avec le sable et le sel alkali commence à couler dans son bain. On le retire quelquefois en cet état de demi-fonte, pour le transporter en Hollande, où l'on en acheve la vitrification, et l'on perfectionne la couleur par des additions de matières qui sont encore le secret de la fabrique. On le nomme smalt, quand le mélange est exactement vitrifié, et dans un bain calme et lisse. En cet état, on le retire avec de grandes cueilleres pour le jeter dans l'eau, où ce verre bleu se refond, et en devient plus aisé à pulvériser. Ce verre étant réduit en poudre, prend, comme nous l'avons dit au commencement de cet article, le nom d'azur à poudrer, si cette poudre est grossière ; et celui d'azur fin ou d'émail, si elle est d'une grande finesse.

Ainsi l'azur en poudre n'est autre chose, comme on voit, que l'azur en pierre ou le smalt porphyrisé. Il en vient d'Allemagne et de Hollande ; ce dernier est le plus cher, et son bleu approche plus de l'outremer. Aussi l'appele-t-on outremer de Hollande ou outremer commun. On croit dans le commerce et dans les ateliers, qu'il faut que celui d'Allemagne soit grenu, sableux, et foncé pour être bon ; qu'au contraire celui de Hollande n'est bon que pâle et fin.

On sait que cet émail sert à peindre des fleurs et des compartiments bleus sur la fayence et sur la porcelaine qu'on fabrique en Europe. Voyez FAYENCE et PORCELAINE. Mais on ne savait peut-être pas, avant que M. Hellot l'eut dit, que depuis que les Chinois le substituent à l'azur naturel qu'ils employaient autrefois, le bleu de leur porcelaine moderne est de beaucoup inférieur au bleu de la porcelaine ancienne.

La pierre d'azur naturel et minéral se nomme à la Chine yao-Toufou, ou porcelaine de Toufou. Elle ne vient point de Toufou, mais de Nankin-Chequian. On en trouvait aussi autrefois dans l'île de Hainan : mais aujourd'hui ces deux mines en fournissent si peu, et cette matière est par conséquent devenue si chère et si rare, que les Chinois ne se servent plus que de l'émail ou azur en poudre fine, que les Hollandais leur portent.

M. Hellot tient cette observation d'un officier des vaisseaux de la compagnie des Indes. Mémoire de l'académie des Sciences, année 1737, page 228.

AZUR : on ne se sert de cette couleur, en Peinture, que dans certains ouvrages, tels que les fonds de quelques rehaussés d'or, d'écriteaux en lettres d'or, etc. Lorsqu'on veut l'employer, il faut que les objets ou lettres d'or, autour desquelles on le répandra, soient faites et bien séchées : alors on applique une couche de blanc de plomb délayé à l'huile, sur le fond et autour de ces lettres ; puis on saupoudre aussi-tôt avec cet azur, en le laissant tomber un peu de haut sur le blanc auquel il s'attache. On relève la toîle ou planche sur laquelle on fait l'ouvrage ; et l'azur qui ne s'est point attaché au blanc s'en va. On laisse sécher ce blanc ; ensuite avec une plume on acheve de nettoyer l'ouvrage, en enlevant l'azur qui pourrait être resté sur l'or, ainsi que celui qui ne tenait pas au blanc. (R)

AZUR, terme de Blason, couleur bleue dans les armes de toutes les personnes de condition inférieure à celle des barons. Voyez COULEUR.

Dans les écussons des nobles on appelle le bleu saphir, et on l'appelle jupiter dans ceux des souverains. Dans les armoiries gravées, on le représente par des raies ou des hachures tirées horizontalement.

Les François préfèrent cette couleur à toutes les autres, parce que les armoiries de leur monarque sont au champ d'azur. (V)