Le caput mortuum était un des cinq principes prétendus des anciens chimistes, ou plutôt un des cinq produits des anciennes analyses chimiques. Ces cinq produits étaient l'esprit ou mercure, le phlegme, l'huîle ou soufre, le sel, et la terre damnée ou caput mortuum. Voyez PRINCIPE.

C'est avec raison qu'on commence à bannir l'expression caput mortuum du langage chimique ; et de lui substituer le mot générique et indéterminé de résidu. La première dénomination est absolument fausse ; car on pourrait regarder, sur la foi du nom, les matières qu'elle désigne, comme dépouillées de tout principe actif, comme indestructibles, ou ne donnant prise à aucun agent naturel ; en un mot, comme une pure terre exactement simple, et par conséquent connue autant qu'il est possible par l'art, ou du moins peu digne d'un examen ultérieur ; et c'est là l'idée que plusieurs chimistes s'en étaient faite.

Mais ces matières ne sont rien moins que simples et inaltérables ; elles contiennent le plus souvent des substances salines, soit neutres, soit alkalines, qu'on en sépare très-facilement. Voyez LIXIVIATION. Les résidus charbonneux contiennent au moins du phlogistique, qui en est très-séparable aussi. Voyez INCINERATION et CHARBON.

D'ailleurs l'examen ultérieur du résidu des distillations que j'appellerai analytiques (de celles qu'on pousse à grand feu, car ce n'est que de celles-là dont il s'agit dans cet article), entre nécessairement dans la suite des opérations d'un procédé régulier. Il est même telle de ces distillations qu'on n'exécute que pour ce produit, pour le résidu ; comme si on distillait, par exemple, une huîle minérale avec de l'alkali fixe, ou un savon de Starckey préparé avec une huîle essentielle dans laquelle on soupçonne l'acide vitriolique, ou le marin, pour vérifier ce soupçon.

La nouvelle analyse, ou l'analyse par combinaison, exige sans contredit cet examen ; et c'est même sans-doute la méthode de cette analyse, étendue aux distillations des substances regardées comme uniques ou homogènes, comme celle d'une plante, d'une gomme, d'une graisse, etc. qui a réveillé l'attention sur l'abus de négliger les résidus de ces dernières opérations. Mais on sera bien plus fondé à n'en négliger aucun, et à généraliser la loi de les étudier avec soin, si on fait réflexion que la plupart des sujets de distillations analytiques ordinaires sont des composés ou des mélanges naturels ; qui portent en eux-mêmes des principes de réaction, qui n'ont besoin que d'être mis en jeu par le feu pour produire de nouvelles combinaisons ; et que ce n'est qu'à la faveur de ces nouvelles combinaisons, dont on trouve les produits dans les résidus, qu'on obtient les produits plus mobiles, les substances qui passent ou qui s'élèvent dans la distillation. A. DISTILLATION, et ANALYSE VEGETALE à l'art. VEGETAL. Cet article est de M. VENEL.