S. f. (Géographie) sorte de mesure itinéraire dont se servent les François et les Espagnols, pour marquer la distance d'un lieu à un autre. Les Anglais, les Italiens, les Allemands, etc. usent du mot de mille, quoiqu'ils ne donnent pas la même étendue à leurs milles. Il en est de même des lieues françaises ; la lieue gauloise était de quinze cent pas romains ; la lieue commune de France est de deux mille, la grande de trois mille cinq cent, et même plus.

Vigenere et M. d'Ablancourt ne sauraient être approuvés dans leurs évaluations des lieues. L'un et l'autre, en traduisant les auteurs latins, évaluent toujours quatre milles anciens à une lieue, première faute ; et secondement ils confondent le mille romain avec le mille italique.

Ménage dérive le mot de lieue de leuca, leuga, ou lega, c'est tout comme il voudra ; mais il faut remarquer que ces trois mots ont été inconnus aux auteurs de la bonne latinité, et que ce sont ceux de la basse-latinité qui s'en sont les premiers servis.

Il est encore à propos d'observer, que les mots leg. lega, et leuga, désignent dans Antonin, une lieue de quinze cent pas : cependant quelquefois, et non pas toujours (comme l'a imaginé Zurita), le mot leg signifie dans l'itinéraire de ce géographe, legio, légion, et cela est clair ; quand après le mot leg est ajouté le mot ala, ou des nombres, comme I. IX. XI. XIV. etc. suivis des noms italica, ionia, gemina, et autres semblables, qui sont certainement des noms de légions, le bon sens aidé d'un peu de savoir, fera sans peine ce discernement, et distinguera sans erreur les passages d'Antonin, où il s'agit de légions, de ceux qui désignent les distances par lieues.

Il me reste à rapporter nos diverses lieues de France à un degré de l'équateur.

Or, les lieues communes de France, de trois milles romains, ou de 2282 taises, sont de 25 au degré, plus 15 taises.

Les lieues de Paris, de Sologne, de Touraine, de 2000 taises, sont de 28 un quart au degré.

Les lieues de Beauce, de Gatinais, contenant 1700 taises, sont de 34 au degré.

Les lieues de Bretagne, d'Anjou, comprennent 2300 taises, et sont de 24 trois quarts au degré.

Les lieues de Normandie, de Champagne, sont de 25 au degré.

Les lieues de Picardie contiennent 2250 taises, et sont de 25 au degré, plus 810 taises.

Les lieues d'Artais, sont de 28 au degré.

Les lieues du Maine, du Perche, du Poitou, sont de 24 au degré.

Les lieues du Berry, sont de 26 au degré, moins un onzième.

Les lieues de Bourbonnais, sont de 23 au degré.

Les lieues de Lyonnais, contiennent 2450 taises, et sont de 23 au degré, plus 710 taises.

Les lieues de Bourgogne, sont de 21 et demi au degré.

Les lieues de Gascogne et de Provence, contiennent 3000 taises, et sont de 19 au degré ; voilà nos plus grandes lieues. (D.J.)

LIEUES mineures de longitude, (Géographie et Navig.) c'est ce qu'on appelle autrement milles de longitude, ou côté mécodynamique. Voyez MILLE DE LONGITUDE, CODYNAMIQUEIQUE. C'est le chemin qu'un vaisseau fait réellement en longitude, c'est-à-dire la somme des petites portions de parallèles à l'équateur qu'il parcourt durant sa route ; on appelle ce chemin lieues mineures, pour le distinguer des lieues majeures, qui ne sont autre chose que le même chemin fait en longitude, et estimé par un arc de l'équateur, c'est-à-dire l'arc de l'équateur, ou le nombre de degrés compris entre le méridien d'où le vaisseau part, et celui où il est arrivé.