(Géographie moderne) en latin Eboracum ou Brigantium oppidum ; ville d'Angleterre, dans la province de même nom, sur la rivière d'Ouze, à 60 milles au nord-ouest de Lincoln, et à 150 de Londres.

Cette ville était déjà célèbre du temps des Romains, et elle l'est encore, car elle s'est relevée de tout ce qu'elle a souffert dans les fréquentes révolutions de l'état des Saxons, des Danois, et des Normands. Yorck est aujourd'hui belle, grande, riche, bien peuplée, et la ville la plus considérable d'Angleterre après Londres. L'on y compte jusqu'à 28 églises, et elle est le siege d'un archevêque de son nom. Egbert, qui occupait ce siege, y érigea, l'an 740, une grande bibliothèque, où Alcuin, précepteur de Charlemagne, et fondateur de l'université de Paris, puisa ses connaissances. Un autre ornement d'Yorck est sa cathédrale, qui est une des belles églises de l'Europe. Enfin, le maire de cette ville porte, par courtoisie, le titre de lord, comme celui de Londres. Long. 16. 24. lat. 53. 52.

Dans le nombre des savants dont Yorck est la patrie, je me contenterai d'en citer quatre, Herbert (Thomas), Maruel (André), Morton (Thomas), et Poole (Matthieu).

Herbert naquit en 1607. Guillaume, comte de Pembroke son parent, lui fournit de l'argent pour voyager, et il employa quelques années à visiter divers pays de l'Europe, de l'Afrique, et de l'Asie. En 1647, il fut nommé avec Jacques Harrington, auteur de l'Oceana, valet-de-chambre du lit de sa majesté Charles, et demeura toujours auprès du roi jusqu'à la mort de ce prince. Il finit lui-même ses jours à Yorck, en 1683, âgé de 76 ans. La relation de ses voyages en Afrique, en Asie, et surtout en Perse, a été imprimée à Londres, en 1634, 1638 et 1677, in-fol. cette dernière édition est la plus ample. Outre sa Threnodia Carolina, qui contient l'histoire des deux dernières années de la vie de Charles I. il a écrit les dernières heures de ce prince, que Wood a publiées dans ses Athenae Oxonienses.

Maruel, ingénieux et vertueux auteur du XVIIe siècle naquit en 1620, et après avoir étudié à Cambridge, il voyagea dans les pays les plus policés de l'Europe. A son retour, il entra dans les emplois, et servit de second à Milton, en qualité de secrétaire pour les dépêches latines du protecteur. Dans la suite il se lia intimement avec le prince Robert, qui lui faisait de fréquentes visites en habit de particulier. Le roi désirant de se l'attacher, lui envoya le grand trésorier Danby, pour lui offrir de l'argent et des emplois ; mais M. Maruel répondit au grand-trésorier, qu'il était très-sensible aux bontés de sa majesté, qu'il connaissait parfaitement les cours, et que tout homme qui recevait des grâces du prince, devait opiner en faveur de ses intérêts ; enfin les offres les plus pressantes de mylord Danby, ne firent aucune impression sur lui. Il persista à lui déclarer qu'il ne pouvait les accepter avec honneur, parce qu'il faudrait ou qu'il fût ingrat envers le roi, en opinant contre lui, ou infidèle à sa patrie, en entrant dans les mesures de la cour. Que la seule grâce qu'il demandait donc à sa majesté, c'était de le regarder comme un sujet aussi fidèle qu'aucun qu'il eut, et qu'il était plus dans ses véritables intérêts, en refusant ses offres, que s'il les avait acceptées. Mylord Danby voyant qu'il ne pouvait absolument rien gagner, lui dit que le roi avait ordonné de lui compter mille livres sterlings, qu'il espérait qu'il accepterait, jusqu'à ce qu'il jugeât à-propos de demander quelqu'autre chose à sa majesté. Cette dernière offre fut rejetée avec la même fermeté que la première, quoiqu'il fût obligé, immédiatement après le départ du grand trésorier, d'envoyer emprunter une guinée chez un ami. En un mot, comme les plus puissantes tentations du côté des honneurs et des richesses ne purent jamais lui faire abandonner ce qu'il croyait être le véritable intérêt de sa patrie, les plus éminens dangers ne purent aussi l'effrayer, et l'empêcher d'y travailler. Il mourut, non sans soupçon de poison, en 1678, dans la cinquante-huitième année de son âge. Ses écrits sont en grand nombre, et roulent principalement sur la religion. M. Cooke a donné à Londres, en 1726, en deux volumes in-8°. les poésies de cet écrivain.

Morton, savant évêque anglais du xvij siècle, naquit en 1564, et fut promu au siege de Chester, en 1615 ; en 1618 il obtint l'évêché de Coventry et Lichfield, et en 1632 celui de Durham. Dans toutes ces places, il s'occupa sans cesse à l'étude, et mourut comblé d'années en 1659. Il a publié plusieurs ouvrages, qui concernent presque tous la défense de l'église anglicane contre la doctrine romaine. Ses manuscrits passèrent à sa mort entre les mains du docteur Barwick.

Poole, savant critique et théologien, naquit en 1624, et pensa perdre la vie dans la célèbre conspiration d'Oates, parce qu'il écrivit contre les catholiques romains un livre intitulé nullité de la foi romaine. Depuis ce temps-là la crainte du risque qu'il courait toujours, s'empara tellement de lui, qu'il prit le parti de se retirer à Amsterdam, où il mourut en 1679, dans sa 56 année.

Il travailla pendant dix ans à sa synopsis criticorum, dont les deux premiers volumes parurent à Londres en 1669, in-fol. et les trois autres ensuite. Outre cette édition de Londres, il s'en est faite une à Francfort, en 1678, une à Utrecht 1686, une seconde à Francfort 1694, in-4°. et une troisième, beaucoup meilleure, en 1709, in-fol. en six volumes.

Poole a très-bien choisi les écrivains qui devaient entrer dans son ouvrage, outre ceux qui étaient déjà dans les critiques sacrées qu'il abrégeait ; mais il n'a pas pris garde qu'en donnant les différentes versions dans la bible, comme elles sont dans les traductions latines, il ne pouvait que commettre une infinité d'erreurs. La grande multitude d'interprétations qu'il a recueillies sur le texte, cause de la confusion ; l'on a bien de la peine à joindre tous les mots ensemble quand ils sont bien éloignés, et qu'on les a expliqués en tant de manières différentes.

De plus, l'auteur se contentant ordinairement de rapporter les diverses explications, sans juger quelles sont les meilleures, n'instruit pas assez le lecteur qui a de la peine à se déterminer, principalement quand il ne voit point de raisons qui le portent à préférer un sentiment à un autre.

Cependant on ne peut trop louer dans cet abrégé des critiques, le travail de Poole, qui a ramassé avec beaucoup de soin et de peine ce qui était répandu en différents ouvrages, et l'a placé aux lieux où il devait être, en l'abrégeant utilement pour la commodité des lecteurs.

Enfin, les difficultés de la chronologie, éclaircies par les meilleurs critiques, se trouvent ici rapportées en abrégé ; et de cette manière, la plupart des matières difficiles de l'Ecriture, sur lesquelles on a composé des livres entiers, sont expliquées dans ce recueil, où l'auteur a pris la peine d'insérer les extraits qu'il avait faits lui-même des meilleurs ouvrages en ce genre.

On a encore de lui en anglais, un volume de remarques sur la bible, qui ont été jointes à celles d'autres savants auteurs ; et le tout a paru à Londres en 1685, en 2 vol. in-fol. (D.J.)