(Géographie moderne) provinces des Pays-bas, ainsi appelées, à cause de l'union ou confédération qu'elles firent entr'elles au mois de Janvier 1579, pour la défense de leur liberté contre Philippe II. roi d'Espagne. Les provinces qui composent cette république sont au nombre de sept ; savoir le duché de Gueldres, dans lequel est compris le comté de Zutphen, les comtés de Hollande et de Zélande, les seigneuries d'Utrecht, de Frise, d'Overissel et de Groningue.

Outre ces sept provinces qui composent l'état, la république compose plusieurs villes conquises depuis l'union d'Utrecht, ou qui se sont incorporées dans les Provinces-unies, et que l'on appelle le Pays de la généralité, parce qu'elles dépendent immédiatement des états généraux, et non d'aucune province particulière.

Ces places sont situées dans le Brabant, dans le pays de Limbourg, en Flandres et dans le haut quartier de Gueldre. Le pays de Drenthe qui est une province souveraine, située entre la Westphalie, Groningue, Frise et Overissel, fait aussi partie de la république, et contribue un pour cent aux frais de la généralité : aussi cette province prétend-elle avoir droit d'entrée dans l'assemblée des états-généraux, mais on lui a toujours donné l'exclusion.

Les deux compagnies des Indes orientales et occidentales, et la société de Surinam possèdent aussi sous la protection des états-généraux de vastes états en Asie, en Afrique, et en Amérique. Outre tous ces pays, la république depuis la paix d'Utrecht, en éxécution du traité de Barrière, entretient des garnisons jusqu'au nombre de douze mille hommes dans les places d'Ypres, Furnes, Menin, Dendermonde, Tournay et Namur.

Les Provinces-unies et les pays de leur domination, sont situés entre le 24 et le 26e degré de longitude, et entre le 51 et le 54e degré de latitude septentrionale. Ces pays sont contigus les uns aux autres, et bornés au midi par la Flandre, le Brabant, l'évêché de Liège, la Gueldre prussienne et autrichienne ; au levant par les duchés de Clèves et de Juliers, l'évêché de Munster, le comté de Bentheim, et par le pays d'Oost-Frise ; la mer du nord ou d'Allemagne les baigne au septentrion et au couchant. On donne à toutes ces provinces environ quarante-huit lieues de longueur depuis l'extrémité du Limbourg-hollandais, jusqu'à celle de la seigneurie de Groningue. Leur largeur depuis l'extrémité de la Hollande méridionale jusqu'à celle de l'Overissel, est d'environ quarante lieues.

Le pays des Provinces-unies est en général mauvais, mais l'industrie des habitants l'a rendu également fertîle et florissant. Deux principales rivières l'arrosent ; j'entends le Rhin et la Meuse. Pour se garantir des inondations de la mer, on a partout opposé des digues à la fureur de l'Océan, et à l'impétuosité des rivières. Ces digues ont couté des sommes immenses, et l'on prétend que leur entretien monte tous les ans à d'aussi grandes sommes qu'il en faudrait pour maintenir sur pied une armée de quarante mille hommes.

Il n'y a point de pays en pareille étendue à celui-ci, où l'on voie un si grand nombre de belles villes, de bourgs et de villages, ni une si grande quantité d'habitants, que la liberté et le commerce y attirent. On peut dire aussi que la liberté y fait fleurir les arts et les sciences ; c'est dans cette vue que l'on entretient plusieurs universités, et un nombre infini d'écoles dans les villes, et jusque dans les moindres villages, où les habitants ont grand soin de faire instruire leurs enfants.

La religion protestante est la dominante dans les Provinces-unies, mais toutes les autres y sont tolérées et protégées. Les Catholiques ont leurs chapelles aussi libres que les églises des réformés ; et du reste, ils jouissent des mêmes prérogatives que les protestants par rapport à la justice, au commerce, et aux impôts. Ils peuvent parvenir à tous les emplois militaires, excepté celui de velt-maréchal ; il faut bien qu'ils soient contens de la douceur du gouvernement à leur égard, puisqu'on estime qu'ils font plus du quart des habitants.

Il n'y a point encore de pays au monde où les impôts soient plus considérables, que dans les Provinces-unies ; car on compte qu'ils font le tiers du prix qu'on paye du pain, du vin, de la bière, etc. cependant ils se lèvent d'une manière que le petit peuple ne s'en aperçoit point, parce qu'accoutumé de tout temps à voir le prix des denrées sur ce pié-là, il n'y trouve rien qui l'effarouche ; on nomme ces impôts accises, et personne n'en est exempt.

On lève en outre plusieurs autres taxes, comme sur le sel, le savon, le caffé, le thé, le tabac, et enfin sur toutes les denrées qui se consomment dans le pays. Il y a une taxe annuelle sur chaque domestique ; sur les chevaux, les carrosses, les chaises et autres voitures, et sur les bêtes à cornes.

Une autre taxe considérable est celle qu'on appelle verponding, ou la taille sur les maisons et sur les terres. Dans des besoins pressants, on double ou triple ce verponding. Dans ces mêmes cas, on lève le centième et le deuxcentième deniers de la valeur de tous les biens des habitants, tant en fonds de terre qu'en obligation sur l'état. On lève aussi une taxe sur toutes les terres ensemencées, on la nomme bezaaygeld ; mais elle n'a lieu que dans les pays de la généralité, et dans les provinces qui produisent du grain.

Le quarantième denier qu'on tire de la vente de tous les biens en fonds de terre, des vaisseaux et des successions collatérales, est un revenu considérable, aussi-bien que le papier timbré. Les droits d'entrée et de sortie sont fort tolérables ; ils sont perçus par les cinq collèges de l'amirauté, qui en ont fait un fonds pour l'entretien de la marine.

Les revenus ordinaires de la république, consistent en ce qui se lève dans les pays de la généralité, dont le conseil d'état a seul l'administration ; ou bien dans les sommes ordinaires et extraordinaires, que les sept Provinces et le pays de Drenthe fournissent tous les ans, suivant leur contingent, sur la pétition ou la demande que le conseil d'état en fait aux états généraux, pour la dépense qu'il juge que la république sera obligée de faire l'année suivante.

Les forces de l'état consistent en cinquante mille hommes de troupes réglées, et en trente à quarante vaisseaux de guerre qu'entretient l'amirauté. La source du commerce des Provinces-unies est la pêche du hareng, les manufactures qui occupent beaucoup de monde ; et enfin le commerce de l'Orient, que fait la compagnie de ce nom.

Les états-généraux représentent les sept Provinces-unies, mais ils n'en sont point les souverains, comme la plupart des étrangers se l'imaginent ; et leur assemblée a quelque rapport à la diete de Ratisbonne, qui représente tout le corps Germanique. Quoiqu'ils paraissent revêtus du pouvoir souverain, ils ne sont que les députés, ou plénipotentiaires de chaque province, chargés des ordres des états leurs principaux ; et ils ne peuvent prendre de résolution sur aucune affaire importante, sans avoir eu leur avis et leur consentement. D'ailleurs, on peut considérer l'union des sept Provinces, comme celle de plusieurs princes qui se liguent pour leur sûreté commune, sans perdre leur souveraineté ni leurs droits en entrant dans cette confédération. Ces provinces forment ensemble un même corps ; il n'y en a pas une seule qui ne soit souveraine et indépendante des autres, et qui ne puisse faire de nouvelles lois pour sa conservation, mais sans pouvoir en imposer aux autres.

L'assemblée des états-généraux est composée de députés des sept Provinces ; on leur donne le titre de hauts et puissants seigneurs, à la tête des lettres qui leur sont écrites, des mémoires et des requêtes qui leur sont présentés, et on les qualifie dans ces mêmes écrits de leurs hautes puissances ; tous les souverains leur donnent aujourd'hui ce titre.

Le nombre des députés n'est ni fixé, ni égal ; chaque province en envoye autant qu'elle juge à-propos, et se charge de les payer. On ne compte pas les suffrages des députés, mais ceux des Provinces ; de sorte qu'il n'y a que sept voix, quoique le nombre des députés de toutes les Provinces, présents ou absens, monte à environ cinquante personnes, dont il y en a entr'autres dix-huit de Gueldre.

Chaque province préside à son tour, et sa présidence dure une semaine entière, depuis le Dimanche à minuit jusqu'à la même heure de la semaine suivante. Tous les députés sont assis, suivant le rang de leur province autour d'une longue table, au milieu de laquelle est le fauteuil du président. A sa droite sont assis les députés de Gueldre, à sa gauche ceux de Hollande, et ainsi des autres suivant le rang des Provinces qui est tel. Gueldre, Utrecht, Hollande, Frise, Zélande, Overissel, Groningue.

Tous ceux qui possèdent des charges militaires, ne peuvent prendre séance dans l'assemblée des états-généraux ; le capitaine général n'est pas même exempt de cette loi, il peut seulement entrer dans l'assemblée pour y faire des propositions, et il est obligé de se retirer, lorsqu'il s'agit de délibérer sur ce qu'il a proposé. Quelque grand que soit le nombre des députés, il n'y a que six chaises pour chaque province, et tout les surnuméraires sont obligés de se tenir debout.

La plupart des députés ne sont que pour trois, ou six ans dans l'assemblée des états-généraux, à-moins que leur commission ne soit renouvellée. Il en faut excepter la province de Hollande, qui y députe un membre de ses nobles pour toute sa vie, et celle d'Utrecht qui envoye un député du corps ecclésiastique, et un autre du corps de la noblesse qui y sont aussi à vie. Il en est encore de même des députés de Zélande qui sont ordinairement au nombre de quatre.

Outre les députés ordinaires, tous ceux qui sont chargés d'une ambassade, ou de quelque négociation importante dans les pays étrangers, ont une commission pour entrer dans l'assemblée des états-généraux.

Le conseiller-pensionnaire de Hollande, assiste tous les jours à cette assemblée, en qualité de député ordinaire, et c'est lui qui y fait les propositions de la part de cette province. Il est le seul avec le député de la noblesse d'Hollande, qui ait l'avantage de paraitre tous les jours dans ce sénat. Tous les autres députés de cette province sont obligés par une résolution de l'an 1653, d'avoir une commission pour y assister ; deux conseillers députés de Hollande y prennent aussi séance tous les jours tour-à-tour.

La charge de greffier ou secrétaire des états-généraux, est une des plus importantes et des plus onéreuses de l'état. Il est obligé d'assister tous les jours à l'assemblée des états-généraux, d'écrire toutes les résolutions qu'ils prennent, toutes les lettres et les instructions qu'on adresse aux ministres de l'état dans les pays étrangers. Il assiste aussi aux conférences qu'on tient avec les ministres étrangers, et y donne sa voix ; c'est lui qui expédie et scelle toutes les commissions des officiers généraux, des gouverneurs et commandants des places, les placards, les ordonnances des états-généraux, et autres actes. Il est nommé à cette charge par les états-généraux ; il a sous lui un premier commis, et deux premiers clercs qu'on nomme aussi commis, avec un grand nombre de clercs ou d'écrivains qui travaillent tous les jours au greffe, qui est proprement ce qu'on appelle dans d'autres pays la secrétairerie d'état.

Il y a des députés des états-généraux qui sont envoyés en commission pour changer ou renouveller les magistrats, ou pour quelqu'autre affaire. Ils ont dix florins par jour pendant tout le temps de leurs commissions, outre les frais de leurs voyages. Les états-généraux envoyent aussi tous les deux ou trois ans deux députés à Mastricht, avec le titre de commissaires déciseurs, pour terminer avec les commissaires du prince de Liege, les procès et les autres affaires, et leur jugement est sans appel.

Le conseil d'état a son tour pour nommer les commissaires déciseurs, qui sont aussi chargés du renouvellement des magistrats de la ville de Mastricht et des juges des environs. En temps de guerre, les états-généraux envoyent deux députés à l'armée, et le conseil d'état en envoie un autre ; ils ont chacun 70 florins par jour. Le général en chef ne peut livrer bataille, ni former un siege, ni faire aucune entreprise d'éclat, sans leur avis et consentement.

Comme par l'union d'Utrecht, les sept Provinces se sont réservé l'autorité souveraine, leurs députés, qui forment l'assemblée des états-généraux, ne peuvent rien conclure dans les affaires importantes ; ils ne peuvent faire la guerre ou la paix sans un consentement unanime de toutes les Provinces, que l'on consulte auparavant. Le même consentement est nécessaire pour lever des troupes ; leurs lois doivent être approuvées par les Provinces : ils ne peuvent révoquer les anciens règlements, ni élire un stadhouder ; et chaque province a la même disposition de tous les régiments, et des officiers de son ressort.

Outre l'assemblée ordinaire des états-généraux, il s'en est tenu quelquefois une extraordinaire, qu'on nomme la grande assemblée, parce qu'elle est composée d'un plus grand nombre de députés de toutes les Provinces, que la première. Cette assemblée n'est jamais convoquée que du consentement unanime de toutes les Provinces, pour déliberer sur des affaires de la dernière importance pour la république ; elle est supérieure à celle des états-généraux. Cependant les députés qui la composent ne peuvent rien conclure, sans l'avis et le consentement de leurs Provinces.

Le conseil d'état ne se mêle que des affaires militaires et de l'administration des finances. Il est composé de douze conseillers ou députés des Provinces, qui sont un de Gueldre, trois de Hollande, deux de Zélande, un d'Utrecht, deux de Frise, un d'Overissel, et deux de Groningue et des Ommelandes. De ces douze députés, il n'y en a que trois qui soient à vie ; savoir, celui qui est nommé par le corps des nobles d'Hollande, et les deux de Zélande. Les autres n'y sont ordinairement que pour trois ans. Après avoir été nommés par leurs Provinces, ils prêtent le serment aux états-généraux, et ils reçoivent leurs commissions de leurs hautes-puissances.

Il n'en est pas de même du conseil d'état que de l'assemblée des états-généraux, car on y compte les suffrages des députés, et non ceux des provinces, et la présidence, qui est d'une semaine, roule tour-à-tour entre les douze députés suivant leur rang. Outre ces députés, le trésorier-général, a le titre de conseiller d'état. C'est un officier à vie, et il a séance au conseil d'état. Il est en quelque manière le contrôleur général des finances : il a l'inspection sur la conduite du conseil d'état, mais plus particulièrement sur l'administration du receveur-général, et des autres receveurs subalternes de la généralité. Il ne peut s'absenter de la Haie sans la permission des états-généraux.

La chambre des comptes de la généralité fut établie en 1607 du consentement des sept Provinces, pour soulager le conseil d'état dans la direction des finances. Cette chambre est composée de deux députés de chaque province, qui font le nombre de quatorze, et qui ordinairement changent de trois en trois ans, suivant le bon plaisir des provinces. Les fonctions de ce collège consistent à examiner et arrêter les comptes du receveur-général, des autres receveurs de la généralité et de tous les comptables. On donne aux députés qui composent cette chambre les titres de nobles et puissants seigneurs.

La chambre des finances de la généralité a été établie avant celle des comptes, et est composée de quatre commis et d'un secrétaire, qui sont nommés par les états-généraux. Il y a un clerc ou écrivain. Cette chambre est chargée de régler tous les comptes qui regardent les frais de l'armée, de tous les hauts et bas officiers, de ceux de l'artillerie, des bateaux, des chariots, des chevaux, etc. comme aussi de ceux qui ont soin des munitions, des vivres de l'armée, et de tout ce qui sert à son entretien et à sa subsistance.

Toutes les provinces, en s'unissant pour former entr'elles une seule république, se sont réservé le droit de battre monnaie, comme une marque essentielle de leur souveraineté particulière, mais elles sont convenues en même temps que la monnaie de chaque province, qui aurait cours dans toute l'étendue de la république, serait d'une même valeur intrinseque. Pour l'observation d'un si juste règlement, on établit à la Haye une chambre des monnaies de la généralité, composée de trois conseillers inspecteurs généraux, d'un secrétaire et d'un essayeur général. Cette chambre a une inspection générale sur toute la monnaie frappée au nom des états-généraux ou des états des provinces particulières, de même que sur toutes les espèces étrangères.

Par le règlement des états-généraux en 1597, l'amirauté des Provinces-Unies a été partagée en cinq collèges ; savoir trois en Hollande, qui sont ceux de Rotterdam, d'Amsterdam, Horn et Enkhuisen alternativement, un à Middelbourg en Zélande, un à Harlingue en Frise ; et les droits d'entrée et de sortie sont levés au profit du corps entier de la république pour l'entretien des vaisseaux de guerre, et autres frais de la marine. Chacun de ces collèges est composé de plusieurs députés, tirés partie des provinces où les collèges sont établis, et partie des provinces voisines. Il n'y a point d'appel de leurs sentences pour ce qui concerne les fraudes des droits d'entrée et de sortie, et les différends sur les prises faites par mer, aussi-bien que dans les causes criminelles ; mais dans les causes civiles où il s'agit d'une somme au-delà de six cent florins, on peut demander révision de la sentence aux états-généraux.

Lorsque les états-généraux, de l'avis du conseil d'état, ont résolu de faire un armement naval, et qu'ils se sont déterminés sur le nombre et la qualité des vaisseaux, le conseil d'état en expédie l'ordre à tous ces collèges qui arment séparément à proportion de leur contingent. Celui d'Amsterdam fait toujours la troisième partie de tous les armements, et les autres une sixième partie chacun.

La charge d'amiral-général a été ordinairement unie à celle de stadhouder : mais depuis la mort de Guillaume III. prince d'Orange il n'y a point eu d'amiral-général, et aujourd'hui tous les collèges de l'amirauté ont leurs officiers particuliers, dont le premier a le titre de lieutenant-amiral. Cependant la province de Gueldres a conféré le titre d'amiral-général au prince de Nassau-Orange, avec la dignité de stathouder et de capitaine-général. Voyez STATHOUDER.

Les pays qui ont été conquis par les armes de la république, ou qui se sont soumis d'eux-mêmes à sa domination, font une partie considérable de l'état ; on les nomme les pays de la généralité, parce qu'ils dépendent immédiatement des états-généraux, et non d'aucune province particulière. On les divise en quatre, qui sont le Brabant hollandais, le pays d'Outre-Meuse ou le Limbourg hollandais, la Flandre hollandaise, et le quartier de Venlo.

Malgré les grands avantages que le commerce procure à l'état, et les revenus considérables qu'il retire des droits, des taxes et des impositions, il est arrivé que la république des Provinces-Unies a contracté des dettes immenses par les longues et cruelles guerres qu'elle a eu à soutenir. Nous ne connaissons pas bien la situation des finances de chaque province en particulier, mais nous sommes mieux instruits de celles de la province de Hollande, qui contribue de 53 florins sur 100 dans les charges de la république. Or les dettes de cette province sont encore à-peu-près les mêmes qu'à la fin de la guerre terminée par le traité d'Utrecht, et les mêmes impôts subsistent, à l'exception d'un demi-centième denier sur les maisons. Le total des revenus est de 22 millions 241 mille 309 florins. Les charges montent à 15 millions 863 mille 840 florins ; l'excédent des revenus est donc 6 millions 377 mille 499 florins ; mais il faut ajouter aux charges la loterie de six millions de l'année 1750, et celle d'une semblable somme de l'année suivante, en prenant pour chaque billet de mille florins à discompter, 300 florins de vieilles obligations ; de sorte que les dettes ont augmenté de 8 millions et 200 florins à trois et demi pour cent.

Il est vrai que les particuliers à qui la Hollande doit sont des sujets de l'état, et qu'ils ne désirent point d'être remboursés, dans l'incertitude où ils sont de pouvoir mieux employer leur argent ; mais il n'en est pas moins vrai que l'unique source de l'opulence des Provinces-Unies décroit chaque année, et sans compter les causes intérieures de décadence de l'état, les progrès de toutes les nations dans le commerce doivent miner encore plus immédiatement ses forces et sa puissance.

Ce détail peut suffire sur le gouvernement des Provinces-Unies ; le lecteur pourra s'instruire plus complete ment dans le livre de Janiçon, qui forme quatre volumes in-12. et mieux encore pour l'histoire, dans les ouvrages de Basnage, de le Clerc, de Bizot, et autres écrits en latin et en flamand. (D.J.)