S. f. (Littérature) vaisseau servant de mesure chez les Romains, et qui contenait, suivant l'opinion la plus vraisemblable, dix onces de vin, ou neuf onces d'huîle ; cependant, selon Fernel et Garaut chef de notre cour des Monnaies, l'hémine romaine revient au demi-septier de Paris, qui ne contient que huit onces de liqueur. Festus prétend que l'hémine est ainsi nommée du grec , moitié, parce qu'elle est la moitié du sextier romain, ce qui est confirmé par Aulu-Gelle, lib. III. cap. IVe

Apulée déclare aussi que la cotyle des Grecs et l'hémine romaine étaient synonymes, et que toutes deux se prenaient pour demi-sextier ; de sorte qu'ils appelaient quelquefois l'hémine, la cotyle d'Italie. Au reste, les Grecs avaient coutume de mettre dans les temples les originaux de toutes les mesures liquides et solides, pour y avoir recours quand on voudrait les vérifier. Les Romains et les Juifs en usaient de même, et nos législateurs modernes ont adopté ce sage règlement : l'on garde, par exemple, dans l'hôtel de ville de Paris, les étalons des mesures et des poids de cette capitale.

M. Arnaud a donné une dissertation curieuse sur l'hémine, on peut la consulter ; mais rien n'a répandu tant de lumières sur ce sujet, que les ouvrages de divers savants qui en ont disputé dans le dernier siècle ; je veux parler entr'autres de ceux de MM. Pelletier, Lancelot, Martenne et Mabillon, publiés à l'occasion de l'hémine de vin que S. Benait ordonne à ses religieux par jour ; car pour déterminer ce qu'il faut entendre par l'hémine de S. Benait, si c'était huit, dix ou douze onces, plus ou moins, ou si c'était une mesure particulière à cet ordre, les habiles gens que je viens de nommer ont tellement épuisé dans leurs contestations tout ce qui concerne l'hémine des anciens, qu'ils n'ont rien laissé à désirer, ni à glaner après eux. (D.J.)

HEMINE, (Commerce) que l'on écrit aussi ÉMINE ou ESMINE, grande mesure de grains en usage en plusieurs endroits de France, et en quelques ports des côtes de Barbarie. L'hémine n'est pas néanmoins une mesure effective, comme peuvent être le boisseau ou le minot ; mais, pour ainsi dire, une espèce de mesure de compte, ou un composé de plusieurs autres certaines mesures. A Auxonne, l'hémine est de 15 boisseaux du pays, qui reviennent à deux septiers neuf boisseaux un tiers de Paris. L'hémine de Maxilli contient 25 boisseaux de ce lieu, qui sont égaux à trois septiers de Paris. A S. Jean de Laune, l'hémine est de 17 boisseaux du pays, qui rendent à Paris deux septiers 10 boisseaux. A Marseille, l'hémine de blé est estimée peser 75 liv. poids de lieu, ou 60 liv. peu plus, poids de marc : elle se divise en huit sivadières. En Barbarie, l'hémine est semblable à neuf boisseaux de Paris. L'hémine est aussi en usage en Languedoc, particulièrement à Agde, à Béziers et à Narbonne : l'hémine d'Agde est de deux septiers, et pese 120 livres ; celle de Béziers, hors la rase, donne deux pour cent de plus, et pese 122 livres ; l'hémine de Narbonne, dont les deux font le septier, pese 65 liv. A Montpellier, l'hémine se divise en deux quartes. Deux hémines font le septier, et six hémines font un mude et demi d'Amsterdam. A Castres, l'hémine contient quatre mégeres, et la mégère quatre boisseaux ; il faut deux hémines pour faire le septier. A Châlons et à Dijon, l'hémine est égale : celle de froment pese 45 liv. poids de marc ; celle de méteil 43, celle de seigle 41, et celle d'avoine 25 l. A Auxonne : on a déjà dit quelque chose de son hémine ; on ajoutera que celle de froment pese 27 livres, celle de méteil 26, celle de seigle 25, et celle d'avoine 20. A Dole, Pontarlier et Salins, l'hémine de froment pese 60 liv. celle de méteil 59, et celle de seigle 58 livres. A Villers-Suxel et Montjutin, l'hémine de froment pese 45 liv. celle de méteil 44, et celle de seigle 43. A Montbelliard, Héricour et Blamont, l'hémine de froment pese 40 liv. celle de méteil 39, et celle de seigle 38. Toutes ces réductions sont faites au poids de marc. Diction. du Commerce. (G)