S. m. (Architecture) Nouvelle méthode de fonder les ponts sans batardeaux, ni épuisements. Avant d'entrer dans aucun détail sur cette nouvelle méthode, il parait indispensable de donner une idée de la manière de construire avec batardeaux et épuisements, pour mettre toute personne en état de juger plus surement de l'une et de l'autre méthode.
Méthode de fonder avec batardeaux et épuisements. Pour construire un pont ou tout ouvrage de maçonnerie dans l'eau, soit sur pilotis, soit en établissant les fondations sur un fonds reconnu bon et solide, on n'a point trouvé jusqu'à ce jour de moyen plus sur que celui de faire des batardeaux et des épuisements. Ces batardeaux ne sont autre chose qu'une enceinte composée de pieux battus dans le lit de la rivière sur deux files parallèles de palplanches, ou madriers battus jointivement et debout au-devant de chacun desdits rangs de pieux, de terre-glaise dans l'intérieur de ces palplanches, et de pièces de bois transversales qui servent à lier entr'eux les pieux et madriers pour en empêcher l'écartement par la poussée de la glaise. Cette enceinte comprend deux ou trois piles ; lorsqu'elle est exactement formée, on établit sur le batardeau même un nombre suffisant de chapelets ou autres machines semblables à enlever toute l'eau qu'elle contient à la plus grande profondeur possible. Cette opération une fois commencée ne discontinue ni jour ni nuit, jusqu'à ce que les pieux de fondation sur lesquels la pîle doit être assise soient entièrement battus au refus d'un mouton très-pesant, que ces mêmes pieux soient récépés au niveau le plus bas, et qu'ils soient coèffés d'un grillage composé de fortes pièces de bois recouvertes elles-mêmes de madriers jointifs. C'est sur ces madriers ou plateforme qu'on pose la première assise en maçonnerie, qui dans tous les ouvrages faits dans la Loire a rarement été mise plus bas qu'à 6 pieds sous l'étiage par la difficulté des épuisements. Lorsque la maçonnerie est élevée au-dessus des eaux ordinaires, on cesse entièrement le travail des chapelets ou autres machines hydrauliques ; on démolit le batardeau, et l'on arrache tous les pieux qui le composaient. Cette opération se répète ainsi toutes les fois qu'il est question de fonder ; on imagine sans peine les difficultés, les dépenses et l'incertitude du succès de ces sortes d'opérations.
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