S. f. (Morale) en latin intercessus, c'est-à-dire médiation, entremise. L'intercession est une demande, une prière faite en faveur de quelqu'un avec instance et avec empressement, pour lui obtenir quelque grâce, quelque avantage, et plus communément encore, le pardon ou l'adoucissement de quelque peine. C'est le caractère d'une belle âme d'intercéder fortement et généreusement pour les fautes de l'humanité.

L'histoire ecclésiastique est remplie d'intercessions des évêques auprès des magistrats pour les chrétiens accusés de crimes, on accablés de dettes. On sait à ce sujet, l'effet qu'eurent celles de Flavien auprès de Théodose, lorsque les habitants d'Antioche se révoltèrent, et abattirent les statues de l'empereur et de l'impératrice Placille. Théodose extrêmement irrité allait détruire Antioche, sans les intercessions du prélat qui, par son discours et par ses larmes, obtint le salut de sa ville et celui de son troupeau. La harangue de Flavien à Théodose mérite les plus grands éloges ; elle est de la main de saint Chrysostome qui, dans le même temps, voyant le troupeau de son ami justement alarmé, tacha de le consoler par des homélies que l'on ne peut lire sans en être sensiblement touché.

La lettre que saint Augustin écrivit à Macédonius, est non-seulement une pièce instructive de l'ancien usage de l'intercession des évêques, en faveur de ceux qui étaient exposés à la rigueur de la justice, mais c'est un des meilleurs morceaux qu'il ait fait. Macédonius lui ayant témoigné que c'était approuver le crime que de s'opposer à la punition. Saint Augustin lui répondit entr'autres choses : " Je mets une grande différence entre celui qui défend et celui qui intercede ; l'un ne travaille qu'à cacher sa faute, l'autre demande grâce ou une modération de la peine ; c'est un devoir du christianisme. Jesus-Christ lui-même a intercédé auprès des hommes, pour empêcher qu'on ne lapidât la femme adultère. Nous sommes bien éloignés d'approuver les pécheurs, puisque nous exigeons qu'ils se corrigent pour éviter leur condamnation à venir ; mais en détestant le crime, nous devons avoir pitié des criminels. La charité veut que nous aimions les impies, que nous leur fassions du bien, que nous prions Dieu pour eux, et que nous tâchions de les ramener à leur devoir, non par des supplices, mais par nos exemples, par nos conseils, par nos exhortations, etc. " Je n'examinerai point si la conduite de saint Augustin a toujours répondu à cette morale chrétienne, il me suffit de dire que rien n'en peut détruire l'excellence et la solidité. (D.J.)