S. f. (Morale) contentement de l'âme que chacun éprouve, lorsqu'il pense à la jouissance qu'il doit probablement avoir d'une chose qui est propre à lui donner de la satisfaction.

Le Créateur, dit l'auteur de la Henriade, pour adoucir les maux de cette vie,

A placé parmi nous deux êtres bienfaisants,

De la terre à jamais aimables habitants,

Soutiens dans les travaux, trésors dans l'indigence :

L'un est le doux sommeil, et l'autre l'espérance.

Aussi Pindare appelle l'espérance, la bonne nourrice de la vieillesse. Elle nous console dans nos peines, augmente nos plaisirs, et nous fait jouir du bonheur avant qu'il existe ; elle rend le travail agréable, anime toutes nos actions, et recrée l'âme sans qu'elle y pense. Que de philosophie dans la fable de Pandore !

Les plaisirs que nous goutons dans ce monde sont en si petit nombre et si passagers, que l'homme serait la plus misérable de toutes les créatures, s'il n'était doué de cette passion qui lui procure quelque avant-goût d'un bonheur qui peut lui arriver un jour. Il y a tant de vicissitudes ici bas, qu'il est quelquefois difficîle de juger à quel point nous sommes à bout de notre espérance ; cependant notre vie est encore plus heureuse, lorsque cette espérance regarde un objet d'une nature sublime : c'est pourquoi l'espérance religieuse soutient l'âme entre les bras de la mort, et même au milieu des souffrances. Voyez l'article suivant ESPERANCE (Théologie).

Mais l'espérance immodérée des hommes à l'égard des biens temporels, est une source de chagrins et de calamités ; elle coute souvent autant de peines, que les craintes causent de souci. Les espérances trop vastes et formées par une trop longue durée, sont déraisonnables, parce que le tombeau est caché entre nous et l'objet après lequel nous soupirons. D'ailleurs dans cette immodération de désirs, nous trouvons toujours de nouvelles perspectives au-delà de celles qui terminaient d'abord nos premières vues. L'espérance est alors un miroir magique qui nous séduit par de fausses images des objets : c'est alors qu'elle nous aveugle par des illusions, et qu'elle nous trompe, comme ce verrier persan des contes arabes, qui dans un songe flatteur renversa par un coup de pied toute sa petite fortune. Enfin l'espérance de cette nature, en nous égarant par des phantomes éblouissants, nous empêche de goûter le repos, et de travailler à notre bien-être par le secours de la prévoyance et de la sagesse. Ce que Pyrrhus avait gagné par ses exploits, il le perdit par ses vaines espérances ; car le désir de courir après ce qu'il n'avait pas, et l'espoir de l'obtenir, l'empêcha de conserver ce qu'il avait acquis ; semblable à celui qui jouant aux dés, amène des coups favorables, mais qui n'en sait pas profiter. Que ne vous reposez-vous dès-à-présent, lui dit Cinéas ?

Les conséquences qui naissent de ce petit nombre de réflexions, sont toutes simples. L'espérance est un présent de la nature que nous ne saurions trop priser ; elle nous mène à la fin de notre carrière par un chemin agréable, qui est semé de fleurs pendant le cours du voyage. Nous devons espérer tout ce qui est bon, dit le poète Linus, parce qu'il n'y a rien en ce genre, que d'honnêtes gens ne puissent se promettre, et que les dieux ne soient en état de leur accorder ; mais les hommes flottent sans cesse entre des craintes ridicules et de fausses espérances. Loin de se laisser guider par la raison, ils se forgent des monstres qui les intimident, ou des chimères qui les séduisent.

Evitons ces excès, dit M. Adisson, réglons nos espérances, pesons les objets où elles se portent, pour savoir s'ils sont d'une nature qui puisse raisonnablement nous procurer le fruit que nous attendons de leur jouissance, et s'ils sont tels que nous ayons lieu de nous flatter de les obtenir dans le cours de notre vie. Voilà, ce me semble, le discours d'un philosophe auquel nous pouvons donner quelque créance.

C'est un sage qui nous conduit,

C'est un ami qui nous conseille.

Article de M(D.J.)

ESPERANCE, (Théologie) vertu théologale et infuse, par laquelle on attend de Dieu avec confiance le don de sa grâce en cette vie et la béatitude en l'autre.

On peut avoir la foi sans l'espérance, mais on ne peut point avoir l'espérance sans la foi ; car comment espérer ce qu'on ne croirait pas ? d'ailleurs l'apôtre nous apprend que la foi est la base et le fondement de l'espérance, est autem fides sperandarum substantia rerum. Hébr. cap. XIe mais on peut avoir l'espérance, sans avoir la charité. De-là vient que les Théologiens distinguent deux sortes d'espérance, l'une informe qui se rencontre dans les pécheurs, et l'autre formée ou perfectionnée par la charité dans les justes.

L'effet de l'espérance n'est pas de produire en nous une certitude absolue de notre sanctification, de notre persévérance dans le bien, et de notre glorification dans le ciel, comme le soutiennent les Calvinistes rigides après la décision du synode de Dordrecht, mais d'établir dans les cœurs une simple confiance fondée sur la bonté de Dieu et les mérites de Jesus-Christ, que Dieu nous accordera la grâce pour triompher des tentations et pratiquer le bien, afin de mériter la gloire, parce que l'homme doit toujours travailler avec crainte et tremblement à l'ouvrage de son salut, et qu'il ne peut savoir en cette vie s'il est digne d'amour ou de haine. Voyez PREDESTINATION.

Les vices opposés à l'espérance chrétienne sont le désespoir et la présomption. Le désespoir est une disposition de l'esprit qui porte à croire que les péchés qu'on a commis sont trop grands, pour pouvoir en obtenir le pardon, et que Dieu est un juge inflexible qui ne les peut remettre. La présomption consiste à être tellement persuadé de sa justice et de son bonheur éternel, qu'on ne craigne plus de les perdre, ou à compter tellement sur les forces de la nature, qu'on s'imagine qu'elles suffisent pour opérer le bien dans l'ordre du salut. Telle était l'erreur des Pélagiens. Voyez PELAGIENS.

Les Philosophes opposent la crainte à l'espérance, et disent qu'elles s'excluent mutuellement d'un même sujet ; mais les Théologiens pensent que toute espèce de crainte ne bannit pas du cœur l'espérance chrétienne. La crainte filiale qui porte à s'abstenir du péché, non-seulement dans la vue d'éviter la damnation, mais encore par l'amour de la justice qui le défend, non-seulement n'est point incompatible avec l'espérance, mais même elle la suppose. La crainte simplement servîle ne l'exclut pas non plus ; mais la crainte servilement servîle ne laisse qu'une espérance bien faible dans le cœur de celui qu'elle anime. Voyez CRAINTE. (G)

* ESPERANCE, (Mythologie) c'était une des divinités du Paganisme ; elle avait deux temples à Rome, l'un dans la septième région, l'autre dans le marché aux herbes. On la voit dans les antiques couronnée de fleurs, tenant en main des épis et des pavots, appuyée sur une colonne, et placée devant une ruche. Les poètes en ont fait une des sœurs du sommeil qui suspend nos peines, et de la mort qui les finit.

ESPERANCE, (cap-de-bonne) Géographie Voyez CAP, etc. et ajoutez-y que, selon M. Cassini, la longitude du Cap est est 37d 36' 0", 17d 44' 30" à l'orient de Paris, sa latitude 34d 15' 0" mérid. Selon M. de la Caille, la latitude est 34d 24', et la longitude à l'orient de Paris, 16d 10'.