S. f. (Mécanique) affection du mouvement, par laquelle un corps est capable de parcourir un certain espace en un certain temps. Voyez MOUVEMENT.

Leibnitz, Bernoulli, Wolfius, et les autres partisans des forces vives, prétendent qu'on doit estimer la force d'un corps en mouvement, par le produit de sa masse et par le carré de sa vitesse ; ceux qui n'ont pas admis le sentiment de ces savants, veulent que la force ne soit autre chose que la quantité de mouvement, ou le produit de la masse par la vitesse. Voyez FORCES VIVES.

La vitesse uniforme est celle qui fait parcourir au mobîle des espaces égaux en temps égaux. Voyez UNIFORME. Il n'y a qu'un espace qui ne ferait aucune résistance, dans lequel un mouvement parfaitement uniforme put s'exécuter, de même qu'il n'y a qu'un tel espace dans lequel un mouvement perpétuel fût possible ; car dans cet espace il ne se pourrait rien rencontrer qui put accélérer ou retarder le mouvement des corps. L'inégalité ou la non uniformité de tous les mouvements que nous connaissons, est une démonstration contre le mouvement perpétuel mécanique, que tant de gens ont cherché ; il est impossible, Ve les pertes continuelles de forces que font les corps en mouvement, par la résistance des milieux dans lesquels ils se meuvent, le frottement de leurs parties, etc. Ainsi, afin qu'un mouvement perpétuel mécanique put s'exécuter, il faudrait trouver un corps qui fût exempt de frottement, ou qui eut reçu du Créateur une force infinie, par laquelle il surmontât des résistances à tous moments répétées. Au reste, quoiqu'à parler exactement, il n'y ait point de mouvement parfaitement uniforme, cependant lorsqu'un corps se meut dans un espace qui ne résiste pas sensiblement, et que ce corps ne reçoit ni accélération ni retardement sensible, on considère son mouvement comme s'il était parfaitement uniforme. M. Formey.

La vitesse est considérée ou comme absolue, ou comme relative ; la définition que nous avons donnée convient à la vitesse simple ou absolue, celle par laquelle un certain espace est parcouru en un certain temps.

La vitesse propre ou absolue d'un corps, est le rapport de l'espace qu'il parcourt, et du temps dans lequel il se meut. La vitesse respective est celle avec laquelle deux corps s'approchent ou s'éloignent l'un de l'autre d'un certain espace dans un temps déterminé, quelles que soient leurs vitesses absolues. Ainsi la vitesse absolue est quelque chose de positif ; mais la vitesse respective n'est qu'une simple comparaison que l'esprit fait de deux corps, selon qu'ils s'approchent ou s'éloignent plus l'un de l'autre. M. Formey.

La vitesse avec laquelle deux corps s'éloignent ou s'approchent l'un de l'autre, est leur vitesse relative, ou respective, soit que chacun de ces corps soit en mouvement, soit qu'il n'y en ait qu'un seul. Quoiqu'un corps soit en repos, on peut le regarder comme ayant une vitesse relative par rapport à un autre corps supposé en mouvement ; si deux corps, en une seconde, se trouvent plus proches qu'ils n'étaient de deux pieds, leur vitesse respective sera double de celle qu'auraient deux corps qui n'auraient fait dans le même temps qu'un pied l'un vers l'autre, le mouvement étant supposé uniforme.

Une vitesse non uniforme est celle qui reçoit quelque augmentation ou quelque diminution : un corps a une vitesse accélérée, lorsque quelque nouvelle force agit sur lui, et augmente sa vitesse. Il faut pour cet effet que la nouvelle force qui agit sur lui, agisse en tout ou en partie dans la direction suivant laquelle le corps se meut déjà.

La vitesse d'un corps est retardée, lorsque quelque force opposée à la sienne lui ôte une partie de sa vitesse.

La vitesse d'un corps est également ou inégalement accélérée, selon que la nouvelle force qui agit sur lui, y agit également ou inégalement en temps égal ; et elle est également ou inégalement retardée, selon que les pertes qu'il fait sont égales ou inégales en temps égaux.

Vitesse des corps parcourants des lignes courbes. Suivant le système de Galilée sur la chute des corps, système reçu aujourd'hui de tout le monde, la vitesse d'un corps qui tombe verticalement, est à chaque moment de sa chute, proportionnelle à la racine de la hauteur d'où il est tombé. Après que Galilée eut découvert cette proposition, il reconnut encore que si le corps tombait le long d'un plan incliné, la vitesse serait la même que s'il était tombé par la verticale qui mesure sa hauteur, et il étendit la même conclusion jusqu'à l'assemblage de plusieurs plans inclinés qui feraient entre eux des angles quelconques, en prétendant toujours que la vitesse à la fin de la chute faite le long de ces différents plans, devait être la même que s'il était tombé verticalement de la même hauteur.

Cette dernière conclusion a été admise par tous les mathématiciens, jusqu'en 1693, que M. Varignon en démontra la fausseté, en faisant remarquer que le corps qui vient de parcourir le premier plan incliné, et qui arrive sur le second, le frappe avec une partie de la vitesse qui se trouve perdue, et l'empêche par conséquent d'être dans le même cas que s'il était tombé par un seul plan incliné, qui n'aurait point eu de pli. M. Varignon après avoir relevé cette erreur, éclaircit la matière de manière à empêcher qu'on ne tombât dans l'erreur opposée, et à laquelle on était porté tout naturellement, qui était de croire que la chute d'un corps le long d'une ligne courbe, c'est-à-dire le long d'une infinité de plans inclinés, ne pouvait pas non plus produire des vitesses égales à celles d'un corps qui serait tombé verticalement de la même hauteur. Pour montrer la différence de ces deux cas, il fit voir que quand les plans inclinés font ensemble des angles infiniment petits, ainsi qu'il arrive dans les courbes, la vitesse perdue à chacun de ces angles, est un infiniment petit du second ordre, en sorte qu'après une infinité de ces chutes, c'est-à-dire après la chute entière par la courbe, la vitesse perdue n'est plus qu'un infiniment petit du premier ordre, qu'on peut négliger, par conséquent, auprès d'une vitesse finie : on peut voir aussi sur ce sujet notre traité de dynamique, première partie vers la fin.

De même qu'une équation entre deux variables, peut exprimer une courbe quelconque, dont les coordonnées sont les variables de cette équation : on peut exprimer aussi par les variables d'une équation, les différentes vitesses que deux forces produiraient séparément dans un même corps ; et si ces forces sont supposées agir parallèlement aux deux lignes données de position, sur lesquelles on suppose prises ces variables, la courbe exprimée par l'équation sera alors celle que le corps décrit, en vertu de deux forces combinées ensemble. Si par exemple on suppose que l'une des forces est la gravité, et que l'autre ne soit qu'une première impulsion finie à laquelle ne succede aucune accélération, la courbe ayant des ordonnées proportionnelles aux racines des abscisses, sera une parabole. Voyez PARABOLE.

Pour mesurer une vitesse quelconque, d'une manière constante qui puisse servir à la comparer à toute autre vitesse, on prend le quotient de l'espace par le temps, supposant que cet espace soit parcouru, en vertu de cette vitesse supposée constante. Si par exemple un corps, avec sa vitesse actuelle, pouvait parcourir 80 pieds en 40 secondes de temps, on aurait 80/40, ou 2, pour exprimer sa vitesse, en sorte que si on comparait cette vitesse à celle d'un autre corps qui ferait 90 pieds en 3 secondes, comme on trouverait de la même manière 90/3 ou 3, pour cette nouvelle vitesse, on reconnaitrait par ce moyen que le rapport de ces vitesses est celui de 2 à 3.

s étant en général l'espace, et t le temps, s t est la vitesse ; pourvu que le mouvement soit uniforme : on peut faire une objection assez fondée sur cette mesure de la vitesse : on dira que l'espace et le temps sont deux quantités hétérogènes, qui ne peuvent être comparées, et qu'on n'a point une idée claire du quotient s t ; à cela il faut répondre que cette expression de la vitesse ne signifie autre chose, sinon que les vitesses de deux corps sont toujours entr'elles comme les quotiens des espaces divisés par les temps, pourvu que l'on représente les espaces et les temps par des nombres abstraits qui aient entr'eux le même rapport que ces espaces et que ces temps. Voyez la fin de l'article EQUATION.

Si le mouvement est variable, on le suppose constant pendant la description d'une partie infiniment petite d s de l'espace, et on exprime alors la vitesse par d s, d t. Voyez MOUVEMENT.

VITESSE circulaire. Voyez CIRCULAIRE.

VITESSE du son, de la lumière, du vent, etc. Voyez SON, LUMIERE, VENT, etc.

VITESSE, (Hydraulique) Voyez DEPENSE, FORCE.