(Philosophie de). Jérome Cardan, Milanais, naquit le premier Octobre 1508 ; il fut professeur en Médecine dans presque toutes les Académies d'Italie. En 1570 il fut mis en prison ; et en étant sorti il alla à Rome, où le pape lui donna une pension. On remarqua une étrange inégalité dans ses mœurs, et sa vie a été remplie de différentes aventures qu'il a écrites lui-même avec une simplicité ou une liberté qui n'est guère en usage parmi les gens de lettres. En effet il parait n'avoir composé l'histoire de sa vie, que pour instruire le public qu'on peut être fou et avoir beaucoup de génie. Il avoue également ses bonnes et ses mauvaises qualités. Il semble avoir tout sacrifié au désir d'être sincère ; et cette sincérité déplacée Ve toujours à ternir sa réputation. Quoiqu'un auteur ne se trompe guère quand il parle de ses mœurs et de ses sentiments, on est cependant assez disposé à contredire Cardan, et à lui refuser toute créance, tant il semble difficîle que la nature ait pu former un caractère aussi capricieux et aussi inégal que le sien. Il se félicitait de n'avoir aucun ami sur la terre, mais en revanche d'avoir un esprit aérien mi-parti de Saturne et de Mercure, qui le conduisait sans relâche, et l'avertissait de tous ses devoirs. Il nous apprend encore qu'il était si inégal dans son marcher, qu'on le prenait sans-doute pour un fou. Quelquefois il marchait fort lentement, et en homme qui était dans une profonde méditation ; et puis tout d'un coup il doublait le pas avec des postures bizarres. Il se plaisait dans Bologne à se promener sur un chariot à trois roues. Enfin on ne saurait mieux représenter la singularité de ce philosophe que par ces vers d'Horace, que Cardan avoue lui convenir très-bien. Lire la suite...