Mythologie

(Mythologie) surnom qu'on donna à Mercure après qu'il eut tué Argus.
S. m. (Mythologie) dieu de l'argent, fils de la déesse Pecunia.
ou ARGOLIQUE, (Mythologie) surnom de Junon. Voyez CANATHO.
S. m. (Mythologie) nom du vaisseau célèbre dans les Poètes, qui transporta en Colchide l'élite de la jeunesse Grecque, pour la conquête de la taison d'or. Voyez ARGONAUTES.

Les Critiques sont partagés sur l'origine de ce nom, que les uns tirent d'un certain Argus, qui donna le dessein de ce navire et le construisit ; d'autres de sa vitesse et de sa legereté par antiphrase du grec , qui signifie lent et paresseux ; ou de sa figure longue, et du mot arco, dont les Phéniciens se servaient pour nommer leurs vaisseaux longs. Quelques-uns l'ont fait venir de la ville d'Argos où il fut bâti ; et d'autres enfin des Argiens qui le montèrent, selon ce distique rapporté par Cicéron, I. Tuscul.

S. m. pl. (Mythologie) c'est ainsi qu'on appela les princes Grecs, qui entreprirent de concert d'aller en Colchide conqurir la taison d'or, et qui s'embarquèrent pour cet effet sur le navire Argo, d'où ils tirèrent leur nom. On croit qu'ils étaient au nombre de cinquante-deux ou de cinquante-quatre, non compris les gens qui les accompagnaient. Jason était leur chef, et l'on compte parmi les principaux, Hercule, Castor et Pollux, Laerte père d'Ulysse, Oïlée père d'Ajax, Pelée père d'Achille, Thesée et son ami Pirithous. Ils s'embarquèrent au Cap de Magnesie en Thessalie ; ils allèrent d'abord à Lemnos, de-là en Samothrace ; ils entrèrent ensuite dans l'Hellespont, et côtoyant l'Asie mineure, ils parvinrent par le Pont-Euxin jusqu'à Aea capitale de la Colchide ; d'où, après avoir enlevé la taison d'or, ils revinrent dans leur patrie après avoir surmonté mille dangers. Cette expédition précéda de trente-cinq-ans la guerre de Troie, selon quelques-uns, et selon d'autres de quatre-vingts-dix ans. A l'égard de l'objet qui attira les Argonautes dans la Colchide, les sentiments sont partagés. Diodore de Sicîle croit que cette taison d'or tant prônée, n'était que la peau d'un mouton que Phrixus avait immolé, et qu'on gardait très-soigneusement, à cause qu'un oracle avait prédit que le roi serait tué par celui qui l'enleverait. Strabon et Justin pensaient que la fable de cette taison était fondée sur ce qu'il y avait dans la Colchide des torrents qui roulaient un sable d'or, qu'on ramassait avec des peaux de mouton, ce qui se pratique encore aujourd'hui vers le Fort-Louis, où la poudre d'or se recueille avec de semblables taisons, lesquelles quand elles en sont bien remplies peuvent être regardées comme des taisons d'or. Varron et Pline prétendent que cette fable tire son origine des belles laines de ce pays, et que le voyage qu'avaient fait quelques marchands Grecs pour en acheter avait donné lieu à la fiction. On pourrait ajouter que comme les Colques faisaient un grand commerce de peaux de marte et d'autres pelleteries précieuses, ce fut peut-être là le motif du voyage des Argonautes. Palephate a imaginé, on ne sait sur quel fondement, que sous l'emblème de la taison d'or on avait voulu parler d'une belle statue d'or que la mère de Pelops avait fait faire, et que Phrixus avait emportée avec lui dans la Colchide. Enfin Suidas croit que cette taison était un livre en parchemin, qui contenait le secret de faire de l'or, digne objet de l'ambition, ou plutôt de la cupidité non-seulement des Grecs, mais de toute la terre ; et cette opinion que Tollius a voulu faire revivre, est embrassée par tous les Alchimistes. Histoire des Argon. par M. l'abbé Banier. Mém. de l'académie des Belles-Lettres, tom. XII. (G)