Histoire moderne

S. m. (Histoire moderne) nom d'une secte de Benjans, dans les Indes, si infatués de l'opinion de la métempsycose, qu'ils respectent les moindres insectes. Leurs brahmanes ou prêtres ont toujours la bouche couverte d'un voile, de peur d'avaler quelque mouche ; et ils ont également soin en allumant de la chandelle ou du feu dans leurs maisons, que nul papillon ou moucheron ne vienne s'y bruler, et de faire bouillir l'eau, avant que de la boire, de peur qu'elle ne contienne quelques insectes. Du reste, ils n'admettent ni peines, ni récompenses après cette vie, dont les événements, selon eux, ne dépendent point de Dieu. Ils brulent les corps des vieil lards, et enterrent ceux des enfants décédés au-dessous de trois ans. Leurs veuves ne sont point obligées de se bruler avec leurs maris, suivant l'usage du pays, pourvu qu'elles gardent une viduité perpétuelle. Tous ceux qui font profession des sentiments de cette secte, peuvent être admis à la prêtrise, même les femmes, pourvu qu'elles aient atteint l'âge de vingt ans ; car pour les hommes on les y reçoit dès celui de neuf. Ceux qui sont ainsi engagés dans le sacerdoce, doivent faire vœu de chasteté, porter un habit particulier, et pratiquer des austérités incroyables. Tous les autres docteurs Indiens ont beaucoup de mépris et d'aversion pour cette secte, qui ne demeure pas apparemment en reste avec eux, et défendent à leurs auditeurs d'avoir communication avec les Ceurawath, qui ne donnent pas sans doute à ceux qui les écoutent bonne opinion du commerce de leurs adversaires. Les mêmes passions produisent par-tout les mêmes effets. (G)
ou XACABOUT, comme on l'écrit dans les Indes, sub. m. (Histoire moderne) est une sorte de religion qui s'est répandu dans le Tunquin, à la Chine, au Japon, et à Siam. Xaca, qui en est l'auteur, y enseigna pour l'un de ses principes la transmigration des âmes, et assura qu'après cette vie il y avait des lieux différents pour punir les divers degrés de coupables, jusqu'à ce qu'après avoir satisfait chacun selon l'énormité de ses péchés, ils retournaient en vie, sans finir jamais de mourir ou de vivre : mais que ceux qui suivaient sa doctrine, après un certain nombre de résurrections, ne revenaient plus, et n'étaient plus sujets à ce changement. Pour lui il avouait qu'il avait été obligé de renaître dix fais, pour acquérir la gloire à laquelle il était parvenu ; après quoi les Indiens sont persuadés qu'il fut métamorphosé en éléphant blanc. C'est de-là que vient le respect que les peuples du Tunquin et de Siam ont pour cet animal, dont la possession même a causé une guerre cruelle dans les Indes. Quelques-uns croient que Xaca était juif, ou du moins qu'il s'était servi de leurs livres. Aussi dans les dix commandements qu'il avait prescrits, il s'en trouve plusieurs conformes à ceux du Décalogue, comme d'interdire le meurtre, le larcin, les désirs déréglés, et autres.

S. m. (Histoire moderne) en Angleterre est précisément la même chose que ce que nous appelons chambellan en France. Voyez CHAMBELLAN.

Le lord grand chamberlain d'Angleterre est le sixième des grands officiers de la couronne. Il est un des plus employés au couronnement du roi : c'est lui qui l'habille pour cette cérémonie, qui le deshabille après qu'elle est finie, et qui porte la plupart des ornements pour le couronnement. C'est à lui qu'appartient le lit du roi, tout l'emmeublement de sa chambre, tout l'habillement de nuit, et le bassin d'argent dans lequel il se lavait, avec les serviettes.

S. m. (Histoire moderne) signifie proprement une personne qui entreprend un combat pour un autre, quoiqu'on applique aussi ce nom à celui qui combat pour sa propre cause. Voyez COMBAT.

Hottoman définit le champion, certator pro alio datus in duello, à campo dictus, qui circus erat, decertantibus definitus : de-là vient aussi le mot de champ de bataille.

Ducange observe que les champions dans la signification propre, étaient ceux qui se battaient pour d'autres ; lesquels étant obligés selon la coutume d'accepter le duel, avaient pourtant une excuse légitime pour s'en dispenser, comme de caducité, de jeunesse, ou d'infirmité : il ajoute que c'était le plus souvent des mercenaires qu'on louait à prix d'argent, et qui dès-lors passaient pour infames.

S. m. (Histoire moderne) ancienne coiffure ordinaire en France, qui a duré jusqu'aux règnes de Charles V. VI. et VII. sous lesquels on portait des chaperons à queue, que les docteurs et bacheliers ont retenu pour marque de leurs degrés, et les ont fait descendre de la tête sur les épaules.

Le chaperon fut, selon Pasquier ; " un affeublement ordinaire de tête à nos anciens ; chose que l'on peut aisément recueillir par le mot chaperonner, dont nous usons ordinairement encore aujourd'hui pour bonneter, etc. Or, que les anciens usassent de chaperons au lieu de bonnets, nous l'apprenons mêmement de nos annales ; quand Charles V. pendant la prison du roi Jean son père, étant régent sur la France, à peine put se garantir de la fureur des Parisiens pour un décri des monnaies qu'il fit lors faire ; et eut été en très-grand danger de sa personne, sans un chaperon mi-parti de pers et rouge que Marcel, lors prevôt des marchands, lui mit sur la tête ; et afin que l'on ne fasse point accroire qu'il n'y eut que les grands et puissants qui portassent le chaperon, Me Alain Chartier en donne avertissement en l'histoire de Charles VII. traitant de l'an 1449 ; où il est dit que le roi, après avoir repris la ville de Rouen, fit crier que tous hommes grands et petits portassent la croix blanche sur la robe ou le chaperon. Il finit en disant : depuis petit-à-petit s'abolit cette usance ; premièrement entre ceux du menu peuple, et successivement entre les plus grands, lesquels par une forme de mieux séance commencèrent de charger petits bonnets ronds, portant lors le chaperon sur les épaules, pour le reprendre toutes et tant de fois que bon leur semblerait, etc. Et comme toutes choses par traites et successions de temps tombent en non-chaloir, ainsi s'est du tout laissé la coutume de ce chaperon, et est seulement demeurée par devers les gens du palais et maîtres-ès-arts, qui encore portent leur chaperon sur les épaules, et leurs bonnets ronds sur leurs têtes ". Voilà un passage assez instructif sur les chaperons d'autrefois, pour éviter au lecteur la peine de plus amples recherches. Cet article est de M(D.J.)